Acte premier

 
Le théâtre représente un lieu champêtre, dont l'horizon est terminé par une montagne, un hameau dans le lointain, un orme sur le devant de la scène, et sur un des côtés, au pied est un tertre de gazon sur lequel peuvent s'asseoir deux ou trois personnes.

 Q 

 

Scène première

Louise, Jean-Louis.

Louise

 
[N. 1 - Ariette]

 N 

LOUISE

Peut-on affliger ce qu'on aime ?    

Pourquoi chercher

a le fâcher?

Peut-on affliger ce qu'on aime ?

C'est bien en vouloir à soi-même.

Je l'aime, et pour toute ma vie:

S

(à cet instant son père entre)

<- Jean-Louis

 

 

et vous voulez que cette perfidie...

Ah! mon père, je ne saurois:

à sa place, moi, j'en mourrois.

Peut-on affliger ce qu'on aime ?

C'est bien en vouloir à soi-même.

 

Scène seconde

Jean-Louis, Louise, La tante, Jeannette, Bertrand (il a une baguette à la main, dont il niaise).

<- La tante, Bertrand, Jeannette

 

JEAN-LOUIS

Je le veux, je le veux. Hé bien !  

LOUISE
(à part)

Ah! ciel!

LA TANTE

On l'a vu ! on l'a vu !

BERTRAND

Il étoit de l'autre côté de l'eau.

LOUISE

Vous l'avez vu ? Et comment avez-vous fait ?

BERTRAND

En regardant.

LOUISE
(en levant les épaules de pitié)

En regardant !

LA TANTE

J'ai vu l'instant qu'il alloit se jeter à la nage: mais son havresac, son épée, tout cela l'embarrassoit. Il fait le tour.

LOUISE

Il a bien fait.

JEAN-LOUIS

Il a bien fait.

JEANNETTE

Il a bien fait.

BERTRAND

Oui, oui, il a bien fait.

JEAN-LOUIS

Or çà, Louise, il faut que tu fasses ce qu'a recommandé madame la duchesse.

LOUISE

Quelle fantaisie !

JEAN-LOUIS

Elle le veut; et voilà la lettre.

LA TANTE

Elle le veut; et voilà sa lettre.

LOUISE

Vous ne voulez pas nous la lire ?

JEAN-LOUIS

Si, si, si, je vais vous la lire; mais il faut bien m'écouter, et ne pas m'interrompre, comme vous faites les soirs, quand je lis dans mon gros livre.

LOUISE

Lisez donc, mon père.

JEAN-LOUIS

Or ça, écoutez. Mettons-nous là.

LOUISE

Ah! mon père, mettons-nous plutôt sous cet orme.

JEAN-LOUIS

Où tu voudras, je le veux bien. Mettez-vous là, vous, Marguerite, et toi ensuite. Passe là, Jeannette et toi près de moi; tu y es la plus intéressée.

(Quand ils sont tous assis, il tire la lettre.)

Oh çà, écoutez-vous ?

LOUISE

Oui.

LA TANTE

Oui.

JEANNETTE

Oui.

BERTRAND

Ah! que oui.

JEAN-LOUIS

Vous écoutez tous?

LOUISE

Tous.

LA TANTE

Tous.

JEANNETTE

Tous.

BERTRAND

Oui, tous, tous.

JEAN-LOUIS

Ce n'est pas là la lettre que madame la duchesse a écrite à cet officier, c'est la réponse de l'officier à madame la duchesse... Tais-toi, toi.

BERTRAND

(laissant tomber sa baguette)

Hé ! mais, je n'ai pas parlé.

LOUISE

Il n'a pas parlé.

LA TANTE

Il n'a pas parlé.

JEANNETTE

Il n'a pas parlé.

JEAN-LOUIS

J'ai cru qu'il avoit parlé.

(Il lit.)

« Madame, pour répondre à l'honneur que vous m'avez fait de m'écrire... » Brr… br… br...

LOUISE

Nous n'entendons pas.

JEAN-LOUIS

Ah! c'est que tout ceci, ce sont des complimens, qui sont peut-être des secrets que madame la duchesse ne veut pas qu'on sache. Brr... brr... brr...

LOUISE

Mais, mon père, ce n'est pas la peine que nous écoutions.

LA TANTE

Sans doute.

JEAN-LOUIS

Ah! m'y voilà. « Madame, quant à ce qui regarde Alexandre Spinaski, soldat dans mon régiment, il n'est pas de bien que je ne doive en dire » que je ne doive en dire. « Il a toutes les qualités qui font un bon soldat, sage, docile et brave. » Il n'entend pas dire qu'il est brave sur soi, c'est courageux qu'il veut dire.

LOUISE

Après, mon père.

JEAN-LOUIS

« Il est vif, ardent. Mais si trop d'ardeur le fait sortir des bornes, il y rentre aussit-ôt. » Il y rentre aussit-ôt: je ne sais pas trop ce que cela veut dire.

LOUISE

Ensuite, mon père.

JEAN-LOUIS

« Je désire de tout mon cœur qu'il veuille rester avec moi: je le ferois officier dans mon régiment. »

LA TANTE

Dans son régiment !

BERTRAND

Dans son régiment !

LOUISE

Ah ! je ne crois pas qu'il y reste.

JEAN-LOUIS

Paix donc ! « Mais comme ses six ans expirent dans quinze jours, je lui ferai expédier son congé. »

LOUISE

Dans quinze jours !

LA TANTE

Dans quinze jours !

JEAN-LOUIS

Dans quinze jours. « Je l'envoie, madame, à vos ordres, vous présenter mes respects et vous remercier; je lui ai recommandé de ne pas s'écarter, étant si près de l'ennemi et des frontières. Les ordres sont extrêmement rigoureux, et il faut qu'il rejoigne aujourd'hui; car le roi, qui dîne demain à deux lieues de votre château, passe ensuite au camp; et il faudra se mettre sous les armes. » Ah, c'est que quand le roi passe,

(vous ne savez pas ça, vous autres)

c'est que quand le roi passe, on se met sous les armes. Ah ! c'est une belle chose que la guerre.

BERTRAND

Oui, quand on en est revenu.

JEANNETTE

Pourquoi est-ce que les garçons pleurent pour n'y pas aller ?

JEAN-LOUIS

Taisez-vous, ça ne vous regarde pas. (à Louise) Or çà, ma fille, il faut faire ce que madame la duchesse a dit: tu feras comme si tu étois la mariée; et toi tu seras le marié.

BERTRAND

Ah, tant mieux.

JEAN-LOUIS

Il y aura des musettes, des trompettes, des violons; et il croira que tu es mariée d'hier.

(à Jeannette)

Et toi, tu lui viendras compter tout cela: tu feras comme si tu gardois tes moutons ici.

LA TANTE

J'aurois mieux fait qu'elle.

JEAN-LOUIS

Il vous connaît: il ne reconnoîtroit pas sa tante !

LOUISE

Ah! mon père, que je suis fâchée de tout cela: et si on me faisoit un pareil tour, cela me feroit bien de la peine.

JEAN-LOUIS

Il en aura plus de plaisir après.

LA TANTE

Hé, puis cela lui apprendra de t'écrire, qu'il désire te rencontrer sur la route, ne voir que toi, et repartir.

LOUISE

Ce n'est pas tout-à-fait cela qu'il a écrit; mais quand cela seroit, pourquoi m'en punir ?

LA TANTE

Enfin, c'est madame la duchesse qui le veut: elle l'a élevé; elle s'intéresse à lui, que c'est une merveille.

LOUISE

Un bel intérêt, à lui faire du chagrin.

JEAN-LOUIS

Ce n'est que pour un moment.

LOUISE

Il n'en croira rien; car il n'y a pas six jours qu'il a reçu une lettre de moi.

JEAN-LOUIS

Tant mieux, cela sera plus perfide.

LA TANTE

Oui, cela lui fera plus de peine.

JEAN-LOUIS

Allez vous ajuster tous, vous n'avez pas trop de temps;

(à Jeannette)

et toi, reste ici avec moi: voyons si tu feras bien ton rôle.

 

Louise, La tante, Bertrand ->

 

Scène troisième

Jean-Louis, Jeannette.

 

JEAN-LOUIS

Or çà, feras-tu bien ce que je t'ai dit ?  

JEANNETTE

Oh que oui, monsieur Jean-Louis.

JEAN-LOUIS

Voyons, voyons; mets-toi là.

JEANNETTE

Oui.

JEAN-LOUIS

Fais comme si tu filois.

JEANNETTE

(prenant la baguette que Bertrand a laissée tomber)

Venez, prenons que c'est-là ma quenouille.

JEAN-LOUIS

Hé, puis tu chantes.

JEANNETTE

Oui, je chante, quand vous venez de par là.

JEAN-LOUIS

Non, pas moi.

JEANNETTE

Ah j'entends bien, j'entends bien: c'est lui.

JEAN-LOUIS

Hé bien, chante donc.

JEANNETTE

Attendez donc que j'aie mis ma quenouille.

 
(Pendant ce jeu, la ritournelle.)
[N. 2 - Ariette]

 N 

J'avois égaré mon fuseau,  

je le cherchois sur la fougère:

Colin, en m'ôtant son chapeau,

me dit: Que cherchez-vous, bergère ?

Un peu d'amour, un peu de soin,

mènent souvent un cœur bien loin.

 

JEAN-LOUIS

Bonjour, la jeune fille.  

(Elle se return.)

Bien, bien: continue.

 

JEANNETTE

C'est que j'ai perdu mon fuseau,

en passant près de ce grand chêne.

Colin alors prend son couteau,

et coupe une branche de frêne.

Un peu d'amour, un peu de soin,

mènent souvent un cœur bien loin.

 

JEAN-LOUIS

La jeune fille, écoutez donc. (Elle se return encore.) Bien, bien, fort bien: continue.

 

JEANNETTE

Il fit tant avec son couteau,

en me regardant d'un air tendre,

que j'eus le fuseau le plus beau,

et que mon cœur se laissa prendre.

Un peu d'amour, un peu de soin,

mènent souvent un cœur bien loin.

 

JEAN-LOUIS

La jeune fille, vous ne voulez donc pas m'écouter ?  

JEANNETTE

Vous me pardonnerez, monsieur Jean- Louis.

JEAN-LOUIS

Monsieur Jean-Louis ! Dis donc monsieur le soldat, et non pas monsieur Jean-Louis.

JEANNETTE

Ah, oui, oui, monsieur le soldat: c'est que je vous regardois.

JEAN-LOUIS

Recommençons ça. La jeune fille, vous ne voulez donc pas m'écouter.

JEANNETTE

Vous me pardonnerez, monsieur le soldat.

JEAN-LOUIS

Bon, bon. La jeune fille, je vous serois bien obligé si vous vouliez bien me dire quelle est cette noce que je viens de voir passer.

JEANNETTE

C'est celle de Louise, fille de Jean-Louis Basset, soldat invalide et fermier de madame la duchesse.

JEAN-LOUIS

Bien, bien, fort bien: tu diras bien, et tu viendras nous rejoindre au château; mais n'oublie pas de dire monsieur le soldat. Tiens, tiens, comme il accourt.

JEANNETTE

Où donc ? Ah, oui.

JEAN-LOUIS

Tiens, comme il grimpe la montagne. Ah, les amoureux n'ont pas la goutte. Je m'en vais: reste. Non, viens vite.

 

Jean-Louis, Jeannette ->

 

Scène quatrième

Alexis.

<- Alexis

 
[N. 3 – Ariette]

 N 

 

 

Ah ! je respire : il faut que je reprenne haleine.  

(Il jette à terre son habit, son sabre, son havresac.)

 

Oui, le voici cet orme heureux,  

où Louise a reçu mes vœux.

Je vais la voir, ah, quel plaisir !

La voir, lui parler, être ensemble.

De quel bonheur je vais jouir !

Mais... mais... je frissonne, je tremble.

L'amour... la joie: arrêtons un moment.

Ah ! quel moment: ah ! quel moment charmant !

Mais pourquoi ne l'ai-je pas vue !

Pourquoi sur le chemin n'est-elle pas venue ?

Elle a craint de céder à trop d'empressement:

trop de pudeur l'aura déçue.

Ne sait-on pas que je suis son amant ?

Allons: mais, que dirai-je ? ah, ciel ! ah, quel martyre !

Ils vont tous être là; nous ne saurons que dire:

la tante, les amis, son père, son voisin,

et le grand cousin.

Quelle contrainte ! Quel dommage !

Ah, si quelqu'enfant du village

paroissoit... Quoi, Louise, amour ne te dit pas ?

Vas donc, vas donc: il t'attend. Ah ! je gage

que quelqu'un arrête ses pas.

Je vais la voir, ah, quel plaisir !

 

 

Mais, j'entends des musettes, des violons. Voici tout le village, c'est une noce: cachons-nous. Qu'ils sont heureux ceux-là !  

 

Scène cinquième

Toute la Noce.
Alexis est caché. Des violons en tête, une musette, une cornemuse. La mariée est triste; le reste a une gaieté feinte. Bertrand, qui fait le marié, a l'air sot et niais. Le père donne la main à sa fille.

<- Jean-Louis, Louise, Bertrand, La tante, Jeannette, Toute la noce

 
[N. 4 - Marche de la noce]

 N 

JEAN-LOUIS
(à Louise)

Bon, il est caché: ne retourne pas la tête. Il regarde.  

LOUISE

Ah ! que cela me fait de peine. Laissez-moi le voir.

JEAN-LOUIS

Tu le verras assez. Bon, bon, courage. Jeannette, reste là.

 

Jean-Louis, Louise, Bertrand, La tante, Toute la noce ->

 

Scène sixième

Alexis, Jeannette (elle a sa quenouille).

 

ALEXIS

Parlez donc, la jeune fille.  

 

JEANNETTE
(chante)

J'avois égaré mon fuseau,  

je le cherchois sur la fougère

 

ALEXIS

Parlez donc, parlez donc.

 
(Jeannette veut chanter; mais il la prend par le bras. Elle veut reprendre son couplet; il ne veut pas la laisser continuer.)
 

JEANNETTE

Laissez-moi donc, laissez-moi donc: je vous répondrai au troisième couplet.

ALEXIS

Répondez-moi tout à l'heure.

JEANNETTE
(à part)

Ah, ciel ! je ne pourrai jamais...

ALEXIS

Hé bien, répondez donc.

JEANNETTE

Ah ! vous me faites peur.

ALEXIS

Ne craignez rien, ma belle enfant. Qu'est-ce que c'est que cette noce qui vient de passer ?

JEANNETTE

Cette noce ?

ALEXIS

Oui.

JEANNETTE

Ce que c'est ?

ALEXIS

Oui.

JEANNETTE

C'est une noce.

ALEXIS

De qui ?

 

JEANNETTE

J'avois égaré mon fuseau  

je le cherchois sur la fougère

 

ALEXIS

Est-ce que vous vous moquez de moi avec votre chanson ? Je vous prie de me répondre.  

JEANNETTE

Hé bien, quoi, dites. Ô ciel ! vous me faites tant de peur, que je ne pourrai jamais...

 

 

J'avois é...

 

ALEXIS

Comment ! encore votre chanson ! Qu'est-ce que c'est cette noce ? Pourquoi, dites, n'y ai-je pas vu... Hé, parbleu, voulez-vous...

JEANNETTE

Hé bien, oui, oui; c'est la noce de Louise, fille de Jean-Louis Basset, soldat invalide, et...

ALEXIS

Jean-Louis se remarie ?

JEANNETTE

Non, sa fille.

ALEXIS

Sa fille ! sa fille !

JEANNETTE

Elle est mariée d'hier; c'est aujourd'hui le lendemain.

ALEXIS

D'hier mariée... Jean-Louis... le lendemain... savez-vous bien ce que vous dites ? le connoissez-vous ?

JEANNETTE

Si je le connois ? sans doute, puisque voilà sa maison: c'est lui qui est le fermier de madame la duchesse. C'est si vrai, qu'elle y est venue ce matin. Elle est mariée à son cousin Bertrand, d'hier, à celui qui est si bon.

 
[N. 5 - Duo]

 N 

 

ALEXIS

(laisse tomber sa tête sur son estomach)

Seroit-il vrai, puis-je l'entendre ?  

Non, cela ne peut se comprendre,

non, non, cela ne se peut pas;

elle auroit voulu mon trépas !

Ensemble

JEANNETTE

Ah ! comme je sais bien l'entendre:

ah ! comme je sais bien m'y prendre!

Bon, bon, quel plaisir il aura

quand il saura

que ce n'est pas !

 

ALEXIS
(à Jeannette)

Ma belle enfant; que je vous dise,

répondez bien avec franchise:

écoutez-moi. Répondez-moi.

De bonne foi:

je vous en prie,

je vous en supplie,

JEANNETTE

Hé bien hé bien, avec franchise,

que voulez-vous que je vous dise ?

ALEXIS

Répondez bien avec franchise:

c'est là la noce de Louise,

ALEXIS

la fille de Louis Basset.

Ensemble

JEANNETTE

Oui, c'est la noce de Louise,

 

JEANNETTE

la fille de Louis Basset;

ALEXIS

C'est elle-même qui passoit

JEANNETTE

c'est elle-même qui passoit

ALEXIS

avec Bertrand son grand cousin;

JEANNETTE

avec Bertrand son grand cousin:

c'est aujourd'hui le lendemain,

ALEXIS

C'est aujourd'hui le lendemain,

JEANNETTE

son père lui donnoit la main.

ALEXIS

son père lui donnoit la main.

Ciel ! c'est vrai, je l'ai reconnu.

JEANNETTE

Oui, oui, vous devez l'avoir vû.

ALEXIS

Il est donc vrai, j'ai pu l'entendre;

dieux ! cela peut-il se comprendre ?

Elle a donc voulu mon trépas!

Ah, ciel ! je ne me soutiens pas.

Je sens un froid, mon cœur s'en va

devois-je m'attendre à cela ?

Je sens un froid, mon cœur s'en va.

Ensemble

JEANNETTE

Ah ! comme je sais bien l'entendre:

ah ! comme je sais bien m'y prendre!

Bon, bon, quel plaisir il aura,

quand il saura que ce n'est pas.

À voir le chagrin, qu'il ressent,

ah ! que son plaisir sera grand.

Mais, mais, comme il semble fâché.

 

JEANNETTE

Ce que j'ai dit, l'a trop touché

ALEXIS

Ah, ciel ! je ne me soutiens pas.

Ensemble

JEANNETTE

Je vais lui dire, oui, je crains

 

JEANNETTE

qu'il ne prenne trop de chagrin.

ALEXIS

Ella a donc voulu mon trépas.

Elle a donc voulu mon trépas.

Ensemble

JEANNETTE

Mais, mais, quel plaisir il aura

quand il saura que ce n'est pas.

 

JEANNETTE

Mais, il me fait de la peine. Ah ! je vais lui dire que cela n'est pas vrai. Monsieur, monsieur, allez au château.  

ALEXIS

Oui, je te poignarderois, et de la même main...

JEANNETTE

Ah, bon dieu ! il me tueroit: je m'en vas bien vite. Sauvons-nous.

 

Jeannette ->

 

Scène septième

Alexis

 
[N. 6 – Récitatif]

 N 

 

 

Infidèle, que t'ai-je fait ?  

Dis-moi, dis quel est le sujet

qui te fait m'arracher la vie ?

Réponds, réponds, toujours chérie...

Dans mon cœur... ah quel trouble affreux...

Réponds, réponds, toujours chérie...

Tu fais bien de baisser les yeux.

Est-il quelqu'un plus malheureux ?

J'accours à sa voix: oui, c'est elle,

c'est ma Louise qui m'appelle:

et pourquoi ? Pour frapper mes yeux,

pour me rendre témoin... ah, dieux !

 
[N. 7 - Air et Finale]

 N 

Fuyons ce lieu que je déteste;    

il fut si beau, non, non; reprens,

reprens cette lettre funeste;

S

Sfondo schermo () ()

 
(Il montre son habit qui est à terre. Des soldats de maréchaussée paraissent et l'observent.)

<- Courchemin, Second soldat, Troisième soldat, Quatrième soldat

 

 

je te la rends, je te la rends:

fût-il au centre de la terre,

je m'en vengerai sur ton père;

ne me suis pas, monstre cruel,

que notre adieu soit éternel.

 

Scène huitième

Alexis, des Soldats de Maréchaussée.

 

LE BRIGADIER

Alte-là, soldat.  

ALEXIS

Je m'en vas.

SECOND SOLDAT

Alte-là, soldat.

ALEXIS

Je m'en vas.

TROISIÈME SOLDAT

Où courrez-vous ?

ALEXIS

Oui, je m'en vas.

QUATRIÈME SOLDAT

Où courrez-vous ?

ALEXIS

Oui, je m'en vais;

pour toujours je quitte la France.

LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT

Quoi, vous deésertez.

TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT

Quoi, vous deésertez.

ALEXIS

Pour toujours je quitte la France.

LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT

Quoi, vous deésertez.

TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT

Quoi, vous deésertez.

ALEXIS

Non, non, je ne déserte pas,

pour toujours je quitte la France.

LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT

Mais c'est déserter.

TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT

Mais c'est déserter.

LE BRIGADIER

Comment, il ne déserte pas ?

SECOND SOLDAT

Il dit qu'il veut sortir de France.

TROISIÈME SOLDAT

Comment, il ne déserte pas ?

On diroit qu'il est en démence.

QUATRIÈME SOLDAT

On diroit qu'il est en démence.

ALEXIS

(à part)

II faut mourir, hatons ma perte.

(aux soldats)

Je m'en vas, je déserte.

Oui, oui, c'en est fait, je déserte.

Oui, oui, c'en est fait, je déserte.

N'en doutez pas,

oui je m'en vas.

Que le remors soit ton partage,

mon trépas sera ton ouvrage:

ne me suis pas, monstre cruel,

que notre adieu soit éternel.

Ensemble

LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT, TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT

Suivons ses pas.

Prenez cet habit,

et voyons s'il fuit.

Il l'avoit jeté

pour sa sureté.

Suivons ses pas.

Voyons s'il court vers la frontière.

Voyons, voyons ce qu'il va faire,

voyons, s'il court vers la frontière

 

Fin (Acte premier)

Acte premier Acte deuxième Acte troisième

Un lieu champêtre, dont l'horizon est terminé par une montagne, un hameau dans le lointain, un orme sur le devant de la scène, et sur un des côtés, au pied est un tertre de gazon sur lequel peuvent s'asseoir deux ou trois personnes.

Louise
 

[N. 1 - Ariette]

Louise
<- Jean-Louis
 
Louise, Jean-Louis
<- La tante, Bertrand, Jeannette

Je le veux, je le veux. Hé bien !

Jean-Louis, Jeannette
Louise, La tante, Bertrand ->

Or çà, feras-tu bien ce que je t'ai dit ?

[N. 2 - Ariette]

Bonjour, la jeune fille

 

 

La jeune fille, vous ne voulez donc pas m'écouter ?

Jean-Louis, Jeannette ->
<- Alexis

[N. 3 – Ariette]

Ah ! je respire : il faut que je reprenne haleine

Mais, j'entends des musettes

Alexis
<- Jean-Louis, Louise, Bertrand, La tante, Jeannette, Toute la noce

[N. 4 - Marche de la noce]

Bon, il est caché: ne retourne pas la tête.

Alexis, Jeannette
Jean-Louis, Louise, Bertrand, La tante, Toute la noce ->

Parlez donc, la jeune fille

Est-ce que vous vous moquez de moi

 

[N. 5 - Duo]

Mais, il me fait de la peine

Alexis
Jeannette ->

[N. 6 – Récitatif]

Infidèle, que t'ai-je fait ?

[N. 7 - Air et Finale]

Alexis
<- Courchemin, Second soldat, Troisième soldat, Quatrième soldat
 
Le brigadier, Alexis, Second soldat, Troisième soldat, Quatrième soldat
Alte-là, soldat
 
Scène première Scène seconde Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène huitième
Un lieu champêtre, dont l'horizon est terminé par une montagne, un hameau dans le lointain, un orme sur le... Une prison, quelques tables de pierre, et des escabeaux. Une place publique.
[N. 1 - Ariette] [N. 2 - Ariette] [N. 3 – Ariette] [N. 4 - Marche de la noce] [N. 5 - Duo] [N. 6 – Récitatif] [N. 7 - Air et Finale] [N. 8 - Entr'acte] [N. 9 - Ariette] [N. 10 - Ariette] [N. 11 - Duo] [N. 12 - Ariette] [N. 13 - Trio] [N. 14 - Couplets] [N. 15 - Couplets] [N. 16 - Duo] [N. 17 - Entr'acte] [N. 18 - Ariette] [N. 19 - Ariette] [N. 20 - Ariette] [N. 21 - Air] [N. 22 - Récitatif et Chœur] [N. 23 - Ensemble final]
Acte deuxième Acte troisième

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