Apologue à l'auteur de Tarare

Un bonne homme un soir cheminant,

passait à côté d'un village,

un chien aboye, un autre en fait autant;

tous les mâtins du bourg hurlent au même instant.

pourquoi, leur dit quelqu'un, pourquoi tout ce tapage ?

Nul d'eux n'en savait rien; tous criaient cependant.

Des publiques clameurs, c'est la fidelle image.

On répète au hasard les discours qu'on entend.

Au hasard on s'agite, on blâme, on injurie;

on ne sait pas pourquoi l'on crie.

Le sage, direz-vous, méprise ces propos,

tenus par des méchants, répétés par des sots;

le sage quelquefois les paya de sa vie.

Socrate fut empoisonné;

Aristide, à l'exil, fut par eux condamné:

ils ont forcé Voltaire à sortir de la France:

ils ont réduit Racine à quinze ans de silence.

On leur résiste quelque temps:

leur fureur à la fin détruit tous les talents.

Demandez-le à la Grece, à Rome, à l'Italie:

ils ont, dans ces climats, jadis si florissantrs,

fait rena ître la barbarie.

Par m. ***

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