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| Chez le roi. |  Q 
Le prince charmante, Trois musiciens, Le surintendant, Courtisans
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| La salle des fêtes et les jardins du palais. Le tout brillamment illuminé. | |
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Scène première |
Le prince charmant. Après de lui Trois musiciens (luth, viole d'amour et flûte de cristal) font entendre pendant toute la scène comme un concert mystérieux. Le surintendant des plaisirs, avec un groupe de Courtisans, saluant le prince, puis Les docteurs et Les ministres. |
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LE SURINTENDANT
(au prince) |
Que les doux pensers sur vos lèvres
viennent éclore souriants.
Laissez la tristesse et ses fièvres,
fuyez les chagrins décevants.
Noble prince.
Répondez !
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LES COURTISANS
(entre eux) |
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LE SURINTENDANT |
Messieurs, je crois qu'on nous évince.
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TOUS |
Aucun moyen
de prolonger cet entretien.
Pauvre prince !
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| Ils se retirent et sont remplacés par un groupe de docteurs. | <- Le doyen, Les docteurs
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LE DOYEN
(au prince) |
Par Hippocrate et docta lex
volumus vos auscultare,
chère altesse, atque drogare
suivant les règles du codex,
noble prince,
écoutez.
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LES DOCTEURS
(entre eux) |
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LE DOYEN |
Messieurs, je crois qu'on nous évince.
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TOUS |
Aucun moyen
de prolonger cet entratien.
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| Les docteurs en s'éloignant font place au groupe des ministres. | <- Les ministres, Le premier ministre
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LE PREMIER MINISTRE
(au Prince) |
Nous sommons votre seigneurie
de venir s'amuser au bal
et de chasser sa rêverie.
Aux termes d'un décret royal,
noble prince,
consentez.
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LES MINISTRES
(entre eux) |
Non. Il ne consent à rien.
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LE PREMIER MINISTRE |
Messieurs, je crois qu'on nous évince.
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TOUS |
Aucun moyen
de prolonger cet entretien.
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LE TROIS GROUPES
(légèrement, changeant de ton, avec indifference, en s'éparpillant) |
Pauvre prince ! Pauvre prince ! Pauvre prince !
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| | Le surintendant, Courtisans, Le doyen, Les docteurs, Les ministres, Le premier ministre, Trois musiciens ->
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Scène deuxième |
Le prince charmant, seul. |
<- Le prince charmant
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LE PRINCE CHARMANT |
Allez, laissez-moi seul... seul avec mes ennuis...
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| [N. 5] | N
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Cœur sans amour, printemps sans roses !
Pour moi, tous les jours sont moroses
et moroses toutes les nuits !...
Pourtant, de doux frissons glissent par tout mon être.
Si, me tendant les bras, je la voyais paraître,
celle qui veut mon âme ! enivré, radieux,
je lui dirais dans mon ivresse:
« De nous l'amour fera des dieux.
Je suis à toi ! Prends ma jeunesse ! »
Mais je vis triste et seul, le cœur brisé d'ennuis...
Pour moi tous les jours sont moroses
et moroses toutes les nuits !...
Cœur sans amour ! printemps sans roses !...
Ah ! si je la trouvais, oubliant la grandeur,
dédaigneux des richesses,
du trône je prendrais en pitié la splendeur,
pour ne plus rien goûter que nos chères tendresses !...
| S
 (♦)
(♦)
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Scène troisième |
Le prince charmant. Entrée du roi et de la cour. |
<- Le roi, La cour
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LE ROI |
Mon fils il vous faut m'obéir.
Vous allez voir à cette fête
les filles de noblesse ! Or, vous devrez choisir
celle qui vous fera le mieux tourner la tête
et l'épouser... Mon fils, tel est mon bon plaisir !
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| Divertissement. | |
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| Première entrée. | |
| (Les filles de noblesse.) | |
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| Deuxième entrée. | |
| (Les fiancés.) | |
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| Troisième entrée. | |
| (Les mandores.) | |
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| Quatrième entrée. | |
| (La florentine.) | |
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| Cinquième entrée. | |
| (Le rigodon du roi.) | |
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| Entrent madame de la Haltière, ses deux filles, Pandolfe, le surintendant, le doyen et le premier ministre. Aussitôt après les révérences. | <- Madame de la Haltière, Pandolfe, Noémie, Dorothée, Le surintendant, Le doyen, Le premier ministre
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LE DOYEN, LE SURINTENDANT, LE PREMIER MINISTRE
(aux trois femmes)
Ah! vous êtes en sa présence!
Par votre superbe prestance
jouez de tous vox attraits,
c'est l'instant ou jamais!
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Ensemble
MADAME DE LA HALTIÈRE, NOÉMIE, DOROTHÉE, PANDOLFE
(les trois femmes confidentiellement entre elles)
Ah! nous sommes en sa présence!
Par notre superbe prestance
jouons de tous nos attraits,
c'est l'instant ou jamais!
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| (Pendant la danse à laquelle prennent part madame de la Haltière et ses deux filles) | |
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PANDOLFE
( à part, dans le plus grand trouble) |
Que je suis donc ému ! Mon auguste maître,
sa majesté, va me parler,
elle m'a reconnu... peut-être...
Ah ! je voudrais bien m'en aller !
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| (Pendant la danse, quand les couples se rencontrent.) | |
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NOÉMIE, DOROTHÉE
(à lor mère, rapidement, en passant) |
Maman, nous sommes angoissées...
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MADAME DE LA HALTIÈRE
(à ses filles, même jeu) |
Ne soyez pas embarrassées...
Le prince vient... c'est le moment...
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DOROTHÉE |
Je défaille... Ah! maman!
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Vos robes vont être froissées !
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| Cendrillon paraît. Le Prince, qui semblait l'attendre, la contemple de loin en extase. Grand étonnement de toute l'assistance. Stupeur et dépit des dames de la Haltière. Chacun observe tour à tour Cendrillon, qui s'avance lentement. | <- Cendrillon
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LA FOULE |
Voyez ! L'adorable beauté !
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MADAME DE LA HALTIÈRE, NOÉMIE, DOROTHÉE
(avec dépit) |
Le prince paraît transporté !
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LA FOULE
(entre groupes) |
Qui la connaît ? Personne !
Rien ne la trouble et ne l'étonne...
elle est exquise en verité !
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LA FOULE
Ô la surprenante aventure !
Ô la charmante créature !
La voilà
notre reine future !
Saluons-là!
PANDOLFE, LE DOYEN, LE SURINTENDANT, LE PREMIER MINISTRE
Ô la surprenante aventure !
Ô la charmante créature !
C'est bien là
notre reine future !
Saluons-là!
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Ensemble
MADAME DE LA HALTIÈRE, NOÉMIE, DOROTHÉE
(avec dépit)
Ô la décevante aventure !
Ô la bizarre créature !
Est-ce là
notre reine future !
Évitons-la !
LE ROI
Ô la surprenante aventure !
Ô la charmante créature !
La voilà !
C'est la reine future !
Saluez-la !
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| (Le prince s'est rapproché de Cendrillon. Le Roi, ravi, fait retirer tout le monde avec discrétion de l'autre côté, madame de la Haltière éloigne ses filles avec un geste de pudeur offensée, puis retourne vivement chercher son mari qui était resté en contemplation devant la beauté de l'inconnue, et elle le fait partir d'un air d'autorité scandalisée.) | |
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Scène quatrième |
Le prince charmant, Cendrillon, La fée. |
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| [N. 6] | N
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LE PRINCE CHARMANT
(à Cendrillon) |
Toi qui m'es apparue,
ô beau rêve enchanteur, beauté du ciel venue,
ah ! par pitié, dis-moi de quel nom te salue,
ô reine, la céleste cour
qui, dans le paradis, t'invoque avec amour...
Par pitié, dis-le moi ! Toi qui m'es apparue !
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CENDRILLON |
Pour vous je serai l'inconnue !
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LE PRINCE CHARMANT |
Beauté du ciel venue,
qui donc es-tu ?
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CENDRILLON |
L'inconnue !...
Vous l'avez dit, je suis le rêve et dois passer
sans qu'il en reste trace,
comme s'efface
un reflet du ciel que l'on voit glisser
sur l'eau, que le vent ride et pousse,
et qui bientôt ira se perdre dans la mousse...
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LE PRINCE CHARMANT
Je te perdrais, moi, non... non... plutôt le trépas !...
Qui que tu sois, partout, je veux suivre tes pas...
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Ensemble
CENDRILLON
Non, je vais fuir, hélas !
Et vous ne me reverrez pas!...
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LE PRINCE CHARMANT |
Ah! cette parole cruelle.
Est-ce bien toi qui l'as dite ? Comment
ta lèvre si douce peut-elle
la prononcer ? Ton œil candide la dément...
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CENDRILLON
(tendrement)
Vous êtes mon prince charmant,
et, si j'écoutais mon envie,
je voudrais consacrer ma vie
à vous complaire seulement...
Vous êtes mon prince charmant.
Vous êtes mon prince charmant,
et mon âme gémit, blessée
jusqu'à mourir à la pensée
de vous attrister seulement...
Vous êtes mon prince charmant.
| S
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LE PRINCE CHARMANT |
Eh ! bien... laisse ta main dans la mienne pressée
car, si de toi j'étais abandonné,
lors, je serais ton prince infortuné !...
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CENDRILLON
(à part, très émue) |
Sa voix est comme une harmonie
qui ravit mon oreille et tient mon cœur charmé...
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LE PRINCE CHARMANT |
Ah ! reste et prends pitié de mon cœur alarmé !...
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LE PRINCE CHARMANT
Éveille en mon esprit la douceur infinie,
et le charme innocent de l'avril embaumé !
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Ensemble
CENDRILLON
Oui, du seul souvenir de cette heure bénie,
mon esprit restera pour toujours embaumé !
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LE PRINCE CHARMANT |
Je t'aime et t'aimerai toujours...
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CENDRILLON |
(elle écoute anxieuse le premier coup de minuit qui sonne au loin)
Ah ! je frissonne !
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LE PRINCE CHARMANT
(tendre et pressant) |
Rien ne m'éloignera de toi... rien, ni personne !
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CENDRILLON
(se détachant peu à peu des éntreintes du prince) |
L'heure ! dejà ! mon dieu ! déjà ! l'heure qui sonne !...
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LE PRINCE CHARMANT |
L'heure ? Qu'importe l'heure ? Il la faut oublier !
Je suis à tes genoux pour te mieux supplier !
Je t'aime !
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| Cendrillon s'en fuit. La fée, voilée, surgit rapidement. Elle arrête le prince charmant qui allait s'élancer à la poursuite de Cendrillon, puis disparaît immédiatement. | Cendrillon ->
<- La fée
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LE PRINCE CHARMANT
(avec saisissement et égarement) |
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| (On danse comme si rien ne s'était passé, et tout s'aperçoit du bal comme à travers un brouillard.) | |
(à lui-même avec désespoir) |
Qu'est-elle devenue ? ...
(Pendant les danses.)
Inconnue ! inconnue ! ô céleste inconnue !
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