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Pomone

POMONE

Pastorale.

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Livret de Pierre PERRIN.
Musique de Robert CAMBERT.

Première représentation : 3 mars 1671, Paris.


Acteurs:

LA NYMPHE DE LA SEINE

soprano

POMONE déesse des fruits

soprano

FLORE sœur de Pomone, déesse des fleurs

soprano

VERTUMNE dieu des lares ou folets, amant de Pomone

baryton

FAUNE dieu champêtre, amoreux de Pomone

basse

LE DIEU DES JARDINS

baryton

JUTURNE nymphe de Pomone

soprano

VENILIE nymphe de Pomone

soprano

BÉROÉ nourrice de Pomone

ténor


Chœur de jardiniers. Troupe de folets. Troupe de bouviers.



Prologue
Scène unique

Le théâtre représente le Louvre.
Vertumne, La nymphe de la Seine.

LA NYMPHE DE LA SEINE

Toi qui vis autrefois le fleuve des Romains

triompher des Humains,

et porter le sceptre du monde,

Vertumne, que dis-tu de ma rive féconde ?

VERTUMNE

J'admire tes grandeurs et la félicité

de ta belle cité:

mais ta merveille la plus grande,

c'est la pompeuse majesté

du roi qui la commande.

Dans l'auguste Louis, je trouve un nouveau Mars,

dans sa ville superbe une nouvelle Rome;

jamais, jamais un si grand homme

ne fut assis au trône des Césars:

aussi sur la terre et sur l'onde

ce monarque puissant ne fait point de projets

que le ciel ne féconde.

Il est l'amour et la terreur du monde,

l'effroi de ses voisins, le cœur do ses sujets.

LA NYMPHE DE LA SEINE ET VERTUMNE

Il est l'amour et la terreur du monde,

l'effroi de ses voisins, le cœur de ses sujets.

LA NYMPHE DE LA SEINE

Mais quel dessein t'amène,

sur le bord de la Seine ?

VERTUMNE

Je viens tromper ses yeux par mes illusions,

et lui montrer mes anciennes merveilles.

LA NYMPHE DE LA SEINE ET VERTUMNE

Sus donc, par nos accords amoureuxet touchants,

commençons de charmer son cœur et ses oreilles.

Mêlons nos voix et remplissons nos champs

du doux bruit de nos chants.

Acte premier

Pastorale.

Scène première

Le théâtre représente les vergers de Pomone.
Pomone, Juturne, Venilie, Béroé.

POMONE

Passons nos jours dans ces vergers,

loin des amours et des bergers.

Passons nos jours,

POMONE, JUTURNE

passons nos jours

loin des bergers et des amours.

POMONE

Qui voudra s'engage

sous les lois d'amour;

qui voudra s'engage.

Et fasse la cour

à ce dieu volage.

Qui voudra l'adore.

Pour moi je l'abhorre.

Le flot de la mer

est moins infidèle;

la fleur en est belle,

mais le fruit amer.

POMONE, JUTURNE

La fleur en est belle

mais le fruit amer.

VENILIE

Qui croit ce cajoleur

n'a que peine et douleur.

JUTURNE

Dans l'empire amoureux,

le sort le plus heureux

est le plus dangereux.

VENILIE

Le flot de la mer

est moins infidèle.

JUTURNE

La fleur en est belle,

mais le fruit amer.

JUTURNE, VENILIE

La fleur en est belle,

mais le fruit amer.

JUTURNE

Le doux plaisir d'amourette

est une tendre fleurette,

qui ne dure qu'un matin,

il a le destin

des plus belles choses;

il naît, il fleurit, il passe en un jour.

Les chaînes d'amour,

sont chaînes de roses.

JUTURNE, VENILIE

Les chaînes d'amour,

sont chaînes de roses.

POMONE

Passons nos jours dans ces vergers,

loin des amours et des bergers.

Passons nos jours,

POMONE, JUTURNE

passons nos jours,

loin des bergers et des amours.

Scène deuxième

Pomone, Juturne, Venilie, Béroé, Flore.

FLORE

Ah ! ma sœur, à quoi penses-tu ?

Veux-tu bannir de ton empire

ce dieu puissant, dont la vertu

anime tout ce qui respire,

et dont les fécondes chaleurs

font naître tes fruits et mes fleurs ?

POMONE

Je consens que ses flammes

brûlent tout l'univers;

pourvu que dans nos âmes

il trouve incessamment la glace et les hivers.

FLORE

Ah ! si tu connaissais comme moi ses délices !

BÉROÉ

Ah ! si tu connaissais comme moi ses malices !

FLORE

De combien de douceurs il flatte nos désirs !

BÉROÉ

Combien il cause de soupirs !

FLORE

Que ses fers,

BÉROÉ

que ses loix,

FLORE

sont doux !

BÉROÉ

Sont inhumaines !

FLORE

Quel plaisir !

BÉROÉ

Quel tourment !

BÉROÉ, FLORE

De vivre dans ses chaînes !

POMONE

Il a des biens, il a des peines,

et je ne veux que des plaisirs.

Scène troisième

Pomone, Juturne, Venilie, Béroé, Flore, Le dieu des jardins, Troupe de jardiniers.

LE DIEU DES JARDINS

Soulage donc les flammes

du grand dieu des jardins;

de plaisirs éternels il sait remplir les âmes,

renonce pour jamais à l'amour des blondins;

faibles, trompeurs, inconstants et badins,

unissons nos cœurs et nos empires:

ajoute aux fruits de tes vergers,

les herbes de mes potagers.

Joins mes melons à tes poncires;

et mêle parmi tes pignons,

mes truffes et mes champignons.

Scène quatrième

Pomone, Juturne, Venilie, Béroé, Flore, Le dieu des jardins, Faune, Troupe de jardiniers, Troupe de bouviers.

FAUNE

C'est bien à toi, dieu misérable,

de prétendre à tes maux quelque soulagement !

LE DIEU DES JARDINS

C'est bien à toi, monstre effroyable

de servir un objet si rare et si charmant !

FAUNE

Elle a beau résister et faire la mutine;

c'est à moi...

FAUNE, LE DIEU DES JARDINS

C'est à moy que le ciel la destine.

LE DIEU DES JARDINS

Tout cède,

LE DIEU DES JARDINS, FAUNE

tout cède, tout se rend à mou pouvoir divin.

FLORE

Vous le dites en vain.

On vous connaît tous deux; mais éprouvons les vôtres

faites chanter les uns, faites danser les autres.

Le Dieu des jardins fait avancer sa troupe.

LES JARDINIERS

Vive le Dieu des jardiniers !

II est toujours prêt à bien faire;

bergères, portez vos paniers.

Il a de quoi vous satisfaire.

Sans lui les jeux, les passe-temps,

n'ont qu'une douceur imparfaite;

et s'il n'est de la fête,

l'on ne rit pas longtemps.

Rien n'est si doux que sa fureur,

ni si plaisant que sa folie;

elle bannit de notre cœur,

la plus noire mélancolie.

Sans lui les jeux, les passe-temps,

n'ont qu'une douceur imparfaite

et s'il n'est de la fête,

l'on ne rit pas longtemps.

LE DIEU DES JARDINS

(à Faune)

Hé bien ! dans tes buissons,

tes oiseaux chantent-ils de pareilles chansons ?

FAUNE

Il est vrai que jamais rossignols d'Arcadie

n'ont fait plus douce mélodie.

LE DIEU DES JARDINS

(aux bouviers)

À vous bouviers,

illustre bande,

touchez, touchez, n'importe menestriers,

passepied, menuet, gavotte ou sarabande.

La troupe s'écarte pour faire place aux danseurs et ensuite se rassemble.

FAUNE, LE DIEU DES JARDINS

(à Pomone)

Couronnez, il est temps, couronnez le vainqueur;

donnez-lui votre main, donnez-lui votre cœur.

POMONE

(à ses nymphes)

Cueillez, nymphes, dans ces prairies,

cueillez pour eux des guirlandes fleuries.

Pomone fait signe à ses nymphes de jouer ses amans; elles feignent d'aller cueillir des fleurs.

POMONE

(à Flore)

Et vous ma soeur,

couronnez le vainqueur.

Elle fait un pareil signe à Flore, et elle se cache pour les observer et pour en rire.

Scène cinquième

Flore, Juturne, Venilie, Béroé, Le dieu des jardins, Faune, Troupe de jardiniers, Troupe de bouviers.

FAUNE, LE DIEU DES JARDINS

(à Pomone)

Donnez-lui votre main, donnez-lui votre cœur.

Les nymphes apportent à Flore une corbeille, dans laquelle est une couronne d'épines et une autre de chardons.

FLORE

(aux dieux)

Venez voir couronner vos tendres amourettes,

et recevoir le premier de ses dons.

Elle tire les denx couronnes de la corbeille, et faisant l'étonnée leur dit, en se moquant

FLORE

Ah ! pour un plus heureux on garde les fleurettes !

Pour vous l'épine et les chardons.

FLORE, JUTURNE, VENILIE, BÉROÉ

Ah ! pour un plus heureux on garde les fleurettes !

Pour vous l'épine et les chardons.

Flore donne au dieu des jardins la couronne d'épines, à Faune, celle de chardons.

Scène sixième

Faune, Le dieu des jardins, Troupe de bouviers, Troupe de jardiniers

FAUNE

(montrant au dieu et à sa troupe la couronne d'épines qui leur a été donnée)

Voilà le prix de vos musiques,

et ce que méritent vos chants.

Ritournelle pendant laquelle les bouviers dansent en se moquant.

LE DIEU DES JARDINS

(montrant à Faune et à sa troupe la couronne de chardons)

Voilà le fruit du dieu des champs,

et de quoi paître ses bourriques.

LE DIEU DES JARDINS, LES JARDINIERS

Voilà le fruit du dieu des champs,

et de quoi paître ses bourriques.

Scène septième

Vertumne.

Hélas ! que me sert-il de changer tous les jours,

de forme et de figure,

et de me déguiser à toute la nature,

si je ne puis changer l'objet de mes amours !

J'aime une insensible maîtresse,

une ingrate et fiere déesse,

qui sent du tourment

et des soins d'un amant.

Que ferons-nous, mon cœur, en des peines si dures !

Ah ! puisque vainement je dirais mes langueurs,

il faut nous transformer et, sous d'autres figures

tâcher de vaincre ses rigueurs !

Vous, que le ciel soumet à ma puissance,

holà, Folets, venez, suivez mes pas.

Une troupe de Folets volent de tous les côtés du théâtre.

Maïs ne vous montrez pas;

à mes lois seulement rendez obéissance.

Ils disparaissent.

Acte deuxième
Scène première

Le théâtre représente le parc de Chesnes.
Béroé.

Ah ! n'est-ce pasassez qu'on aime et qu'on soupire,

pendant le cours do sa jeune saison !

Pourquoi faut-il, amour, étendre ton empire

jusque sur notre âge grison !

Malgré tous mes efforts, malgré toute mes feintes,

je sens vivre tes feux, sous mes cendres éteintes,

d'une cruelle ardeur je me vois consumer,

que la glace des ans ne fait que rallumer:

j'aime un dieu... Le voici, tâchons de le surprendre;

il rève à ses amours, cachons-nous pour l'entendre.

Scène deuxième

Vertumne, Béroé cachée.

VERTUMNE

Ô doux zéphirs

vous enflammez la terre

par vos soupirs,

et de vos pleurs

on voit dans ce parterre,

naître des fleurs.

Hélas ! ainsi que vous,

je suis tendre et fidèle.

Discret et doux;

et mes douleurs

ne touchent point la belle

pour qui je meurs.

Mais pourquoi tant gémir ! poursuis ton entreprise.

Lâche, c'est trop te plaindre, et soupirer en vain,

use de ton pouvoir divin,

joins à l'amour, la ruse et la surprise,

il faut l'attendre ici; dans ce bocage vert

elle cherche souvent le frais et le couvert.

Scène troisième

Vertumne, Béroé.

BÉROÉ

Quoi, toujours inflexible ?

Toujours sourd à mes vœux;

et toujours amoureux

d'une belle insensible.

VERTUMNE

(à l'écart)

Le ridicule objet !

L'enfer t'amène ici, pour troubler mon projet.

BÉROÉ

Quoi, tant d'amour, ingrat !

VERTUMNE

(à l'écart)

Evitons sa poursuite.

BÉROÉ

(l'arrêtant)

Arrête et voi du moins ma peine et mes langueurs;

un moment encor et je meurs.

VERTUMNE

(à l'écart)

Il faut l'épouvanter et lui donner la fuite.

Vertumne se transforme en dragon et court à elle comme pour la dévorer.

Scène quatrième

Béroé, Vertumne en Dragon

BÉROÉ

Que voyez-vous, mes yeux !

Quel dragon furieux !

Mais non, rassurons-nous, c'est lui qui se transforme

en ce monstre difforme.

(Elle affronte le dragon.)

Hé bien, cruel, saoule-toi de mon sang;

contente ton envie;

déchire-moi le flanc;

arrache-moi la vie:

je bénirai mon sort,

et je ne puis mourir d'une plus douce mort.

Le ciel brille d'éclairs, le tonnerre gronde, la terre tremble, et douze folets transformés en fantômes tombent du ciel dans un nuage enflammé.

Scène cinquième

Béroé, Douze folets en fantômes

BÉROÉ

Mais quels éclairs ! quelle horrible tonnerre !

Quel tremblement de terre !

Quels fantômes affreux, et quelles visions !

Que de monstres armez de feu. de fer, de foudre,

pour me réduire en poudre !

Je vous connais folets, et vos illusions,

vous croyez m'étonner par cette allarme feinte,

et me jouer à votre tour:

mais l'on ne peut former les glaces de là crainte,

où règnent les feux de l'amour.

Les Folets descendus de la machine environnent Béroé, et pour l'épouvanter, dansent à ses yeux une danse terrible.

BÉROÉ

(après la danse dit aux fantômes)

Hé bien ! Folets, est-ce assez d'impostures;

de grimaces et de postures;

et croyez-vous encor sous ce masque trompeur,

me donner de la peur ?

Trois fantômes disparaissent, quatre autres saisissent Béroé, l'emportent en l'air, et cinq autres restent sur le théâtre.

BÉROÉ

Au secours je suis morte,

on m'entraîne, on m'emporte.

Scène sixième

Cinq folets en fantômes, Le dieu des jardins, Quatre jardiniers.

LE DIEU DES JARDINS, LES JARDINIERS

Pauvre nourrice, hélas ! tes cris sont superflus !

Le dieu et sa troupe ne pouvant arracher la nourrice aux fantômes qui l'emportent, s'en veulent venger sur les cinq autres qui restent et crient:

LE DIEU DES JARDINS

Donnons, donnons, frappons dessus.

Scène septième

Le dieu des jardins, Quatre jardiniers, Cinq folets en Bourgeoises de Lampsaque.

LA 1ÈRE BOURGEOISE

(au Dieu des jardins)

Tu veux m'assassiner !

LE DIEU DES JARDINS

(à la 1ère bourgeoise)

Ah ! ma chère voisine !

LE 1ER JARDINIER

(à la 2me bourgeoise)

Ma soeur !

LE 2ME JARDINIER

(à la 3me bourgeoise)

Ma femme !

LE 3ME JARDINIER

(à la 4me bourgeoise)

Ma cousine !

LA 5ME BOURGEOISE

(au 4me jardinier)

C'est toi, Philandre, hélas !

LE 4ME JARDINIER

(à la 5me bourgeoise)

C'est toi, chère Cloris !

LA 2ME BOURGEOISE

(au 3me jardinier)

Mon aimable Alcidor !

LE 3ME JARDINIER

(à la 2me bourgeoise)

Ma charmante Doris !

LA 3ME BOURGEOISE

(au 4me jardinier)

Ah Damon !

LE 4ME JARDINIER

(à la 3me bourgeoise)

Ah Climeine !

O Dieux qui vous amène

eu ces bords étrangers !

LA 3ME BOURGEOISE

Le désir de revoir nos aimables bergers !

LA 1ÈRE BOURGEOISE

Depuis que vous cessez de cultiver nos terres,

la mousse et les buissons croissent dans nos parterres.

LA 2ME BOURGEOISE

On voit sur notre teint une jaune pâleur,

LA 3ME BOURGEOISE

nous n'avons plus de lys.

LA 4ME BOURGEOISE

Nous n'avons plus de roses.

LA 5ME BOURGEOISE

Et nos fleurs demi-closes,

frémissent de douleur.

LE 3ME JARDINIER

Depuis votre absence,

ce n'est que souffrance,

tristesse et langueur.

LE 4ME JARDINIER

Dès la moindre peine,

nous perdons haleine,

courage et vigueur.

LE 3ME JARDINIER

Nos peaux sont plus sèches,

que des parchemins.

LE 3ME JARDINIER ET LE 4ME JARDINIER

Et nos pauvres bêches

nous tombent des mains.

LA 2ME BOURGEOISE

Allons, bergers.

LE 1ER JARDINIER

Allons, bergères

TOUS

Allons, bergers; allons bergères,

goûter la douceur du retour.

LA 1ÈRE BOURGEOISE ET LA 2ME BOURGEOISE

Allons sur les vertes fougères,

cueillir les doux fruits de l'amour.

TOUS

Allons sur les vertes fougères,

cueillir les doux fruits de l'amour.

Le ieu des jardins et les Jardiniers veulent embrasser leurs bourgeoises mais dans le moment elles se transforment en autant de buissons d'épines.

Scène huitième

Le dieu des jardins, quatre jardiniers, Cinq folets en buissons d'epines.

LE DIEU DES JARDINS

(et sa troupe en se piquant)

Peste ! quel changement, quelle métamorphose !

Ah ! nous trouvons l'epine, où nous cherchons la rose !

Que viens-tu faire en ce lieu,

pauvre dieu ?

Tu brûles de vaines flammes,

et tu souffres cent mépris,

toi qui fus l'amour des dames.

Et la terreur des maris.

Est-ce à toi de soupirer ?

Et prier ?

Toi qu'à genoux on implore,

va soulager les désirs

de la belle qui t'adore,

et qui meurt pour tes plaisirs.

DEUX FOLETS

(cachés)

Cesse, grand dieu, cesse tes plaintes vaines.

LE DIEU DES JARDINS

Qu'entends-je ? quelle voix sort des rives prochaines ?

Échos, arbres, rochers, est-ce vous, est-ce vous ?

DEUX FOLETS

(cachés)

Nous sommes deux nymphes des chênes,

et le ciel t'annonce par nous,

qu'un jour il finira tes peines.

LE DIEU DES JARDINS

Hélas ! quand viendra-t-il ce bien heureux moment !

DEUX FOLETS

(cachés)

Quand tu seras discret, et fidèle en aimant !

LE DIEU DES JARDINS

Taisez-vous, taisez-vous, impertinents oracles:

amour en ma faveur fait bien d'autres miracles,

apprenez, apprenez qu'en l'empire amoureux

on perd tout pour attendre;

et que le vigoureux

est souvent plus heureux,

que le sage et le tendre.

LE DIEU DES JARDINS ET LES JARDINIERS

Apprenez, apprenez qu'en l'empire amoureux

on perd tout pour attendre;

et que le vigoureux

est souvent plus heureux,

que le sage et le tendre.

Acte troisième
Scène première

Le théâtre représente des rochers et de la verdure
Vertumne.

A la fin, délivré d'une troupe importune,

je puis me transformer et paraître à ses yeux.

La voici, cachons-nous: Destin, Amour, Fortune

favorisez mes vœux.

Scène deuxième

Pomone, Juturne, Venilie, Vertumne cachée.

POMONE, VENILIE

Sortez petits oiseaux, sortez de vos boccages,

quittez, quittez vos nids et vos buissons;

et mêlez vos tendres ramages,

à nos agréables chansons.

Volez; doux rossignols, volez dans ces feuillages.

Venez, serins, venez pinsons,

et mêlez vos tendres ramages,

à nos agréables chansons.

Vertumne parait transformé en Plutus, dieu des trésors.

Scène troisième

Pomone, Juturne, Venilie, Vertumne en Plutus.

VERTUMNE

(en Plutus)

Charmé de tes accents, adorable Pomone,

mais plus charmé de l'éclat de tes yeux,

je sors de mon empire et je viens en ces lieux,

du plus riche des dieux

t'offrir le cœur et le trône.

Si tu doutes de mes ardeurs,

dans mes regards tu les pourras connaître;

si tu doutes de mes grandeurs,

voi de quels biens je suis le maître.

Le théâtre représente le Palais de Plutus.

Scène quatrième

Pomone, Juturne, Venilie, Vertumne en Plutus, 5 folets en démons.

VERTUMNE

(en Plutus à Pomone)

Mon trône et mes trésors, ma flamme et mes langueurs,

ne pourront-ils, déesse, adoucir tes rigueurs ?

POMONE

Non, non, garde ton or, tes pierres et tes marbres;

mon unique trésor sont mes fruits et mes arbres.

VERTUMNE

(en Plutus)

Si tu bornes là tes plaisirs,

j'ai de quoi pleinement contenter tes désirs.

Il montre à la déesse une corbeille pleine da bigarades d'or et une autre pleine de grenades dont les grains sont de rubis.

VERTUMNE

(en Plutus)

Vois-tu ces bigarades ?

Elles sont toutes d'or, et ces belles grenades,

leurs grains sont rubis précieux;

je puis en peupler tous ces lieux.

POMONE

Il me suffît de mon partage,

et je ne veux rien davantage:

moins de biens, moins de biens, et plus de liberté,

POMONE, JUTURNE

liberté, liberté !

VERTUMNE

(en Plutus)

Hé bien ! garde ta pauvreté:

adieu, c'est trop aimer une ingrate beauté.

Scène cinquième

Pomone, Juturne, Venilie.

JUTURNE, VENILIE

Liberté, liberté !

VENILIE

Ô la grande faiblesse,

de chérir les trésors !

De prendre l'ombre pour le corps,

et suivre un bien qui nous fuit, et nous laisse !

JUTURNE

Bannir de son cœur la noire tristesse,

la faible tendresse,

les soins, les désirs;

rire, chanter, passer en plaisirs

sa belle jeunesse,

c'est la véritable sagesse:

la grandeur, la richesse,

ne sont qu'ombre et vanité.

POMONE, JUTURNE, VENILIE

Liberté, liberté !

Scène sixième

Pomone, Juturne, Venilie, Vertumne à l'écart.

VERTUMNE

(à l'écart)

J'ai perdu mes soins et mes pas,

mais je ne me rends pas.

Achevons l'imposture,

et l'abordons sous une autre figure.

Vertumne transformé en Bacchus, parait devancé par 3 satyres qui tiennent à la main des coupes, des bouteilles et des flacons.

Scène septième

Pomone, Juturne, Venilie, Vertumne en Bacchus, Folets en satyres.

LES FOLETS

(en satyres)

Place, place, voisins,

place au dieu des raisins.

VERTUMNE

(en Bacchus)

Rempli d'amour et de tendresse,

je viens, belle déesse,

comme les autres dieux,

rendre hommage à tes yeux

et t'offrir, à mon tour, mon sceptre et ma couronne.

POMONE

Je sais qu'elle a beaucoup d'éclat et de grandeur,

mais je renferme ma grandeur,

dans celle que le ciel me donne.

VERTUMNE

(en Bacchus)

Ta couronne est illustre et ton pouvoir divin,

mais le mien se répand sur la terre et sur l'onde;

et t'offrant l'empire du vin,

je t'offre l'empire du monde.

POMONE

N'ai-je pas dans le mien un jus doux et charmant,

que l'on chérit également ?

LES FOLETS

(en satyres)

Ô la comparaison étrange,

du cidre au jus de la vendange !

Vive notre aimable liqueur !

POMONE, JUTURNE, VENILIE

Vive notre aimable liqueur !

JUTURNE

Elle charme le goût.

1ER SATYRE

Elle échauffe le cœur.

VENILIE

C'est le nectar des dieux,

2ME SATYRE

c'est l'honneur de la table.

JUTURNE

Rien n'est si doux,

3ME SATYRE

rien n'est si délectable.

TOUS

Vive notre aimable liqueur !

Pomone et ses nymphes se retirent en se moquant. Faune arrive.

Scène huitième

Faune, Vertumne en Bacchus, Folets en satyres.

FAUNE

Ô dieux, quelle chaleur m'enflamme !

Je suis dans un double brasier,

la soif altère mon gosier,

et l'amour échauffe mon âme.

Que je te rencontre à propos,

grand dieu des verres, et des pots ?

Ah ! j'implore ta grâce,

et ton secours divin:

verse, hélas, dans ma tasse

quelques larmes de vin.

VERTUMNE

(en Bacchus)

Il faut le secourir;

FAUNE

il y va de ta gloire.

VERTUMNE

(en Bacchus, aux Satyres)

Donnez-lui du meilleur du mond,

enfans, faites-le boire et buvez avec luy.

(Il fait signe aux folets de jouer son rival.)

Scène neuvième

Faune, Folets en satyres

LES FOLETS

(en satyres)

Buvon tous à la ronde,

buvons au dieu falot:

que chacun nous seconde,

buvons tous à la ronde,

à ce vieux sibilot.

Fringue la tasse, fringue,

masse à lui, tope et tingue.

FAUNE

(leur présentant la tasse)

Versez, versez à rouge bord;

LES FOLETS

(continuant à boire sans l'écouter)

Masse à lui, topo, et tingue;

FAUNE

(s'impatientant)

Donnez donc, je meurs.

LES FOLETS

(continuant)

Masse à lui, tope, et tingue,

FAUNE

(leur saisissant la bouteille)

je suis mort;

donnez, donnez: quelle fadaise !

2ME SATYRE

Tiens, bonhomme, fais-nou

et pour boire mieux à ton aise,

couche-toi là, sur ce gazon.

Les Folets placent Faune sur un gazon et mettant à l'entour de lui trois flacons et trois bouteilles.

FAUNE

Ô quel plaisir, quand on est altéré,

de voir autour de ses oreilles

un cercle inespéré

de pots et de bouteilles !

Buvons, buvons; mais qu'est-ceci ?

(Lorsqu'il veut prendre une bouteille, elle s'enfuit et traverse le théâtre: il s'attaque à la seconde qui suit de même.)

La bouteille s'enfuit et la seconde aussi.

(Il veut saisir la troisième, elle s'élève en l'air où un folet la vient prendre.)

A l'aide, le démon l'entraîne !

(Il croit s'emparer de la quatrième, elle fond en terre, et la cinquième après elle.)

Et toi, joli flacon, te prendra-t-on ainsi ?

Quoi, toute la demi-douzaine !

(Il prend la sixième, et boit à même.)

Ah ! du moins j'aurai celle-ci,

et j'en remplirai ma bedaine.

(Il trouve que c'est de l'eau et crache.)

LES FOLETS

(en satyres)

Ah le fat ! ah le badin !

Il buit de l'eau pour du vin.

FAUNE

(en se levant)

On me berne, on me raille,

courez dessus bouviers;

suivons cette racaille,

à grands coups de leviers.

À grands coups de leviers.

LES FOLETS

(en satyres)

Ah le fat, ah le badin.

Il boit de l'eau pour du vin.

Acte quatrième
Scène première

Le théâtre représente le jardin et le berceau de Pomone.
Béroé seule.

Sors de mon cœur,

folle fureur,

aveugle frénésie.

Brutale ardeur, maudite jnlousie,

peste des cœurs, dont le poison

détruit l'amour et la raison,

sors de mon cœur et de ma fantaisie;

c'est trop d'affronts soufferts,

rompons, brisons nos fers,

vengeons-nous de qui nous méprise,

et renversons du moins toute son entreprise.

Mais le voici qui médite en son cœur

de nouveaux artifices;

il n'a pas épuisé sa ruse et ses malices,

observons ses desseins; fourbe, lâche, imposteur.

Scène deuxième

Vertumne, Béroé cachée.

VERTUMNE

Amour dis-moi, que dois-je faire,

pour la fléchir et pour lui plaire ?

En qui me transformer ? Des plus puissants des dieux,

cette insensible a méprisé les vœux.

Mais pourquoi l'attaquer sous la forme d'un autre ?

Peut-être pourrions-nous lui plaire sous la nôtre,

tâchons de la surprendre une dernière fois.

Prenons de Béroé la figure et la voix.

Cette vieille insensée

possède entièrement son cœur et sa pensée,

et si dans cet habit je ne puis la tenter,

Je veux me présenter,

et lui parler moi-même

de mon amour extréme:

je veux... mais la voici.

(Il se cache.)

Scène troisième

Pomone, Flore, Vertumne, et Béroé cachée. Flore soupire.

POMONE

Qui cause ce soupir

de langueur et de flamme ?

FLORE

L'absence de zéphir

qui tourmente mon âme.

POMONE

Pour calmer les ennuis,

dont elle est travaillée,

allons sous la verte feuillée,

voir danser nos cueilleurs de fruits.

(Vertumne s'avance transformé en Béroé.)

Scène quatrième

Pomone, Flore, Vertumne en Béroé, Béroé cachée.

POMONE

Mais te voilà, nourrice,

hé qui t'a fait absenter si longtemps !

Il faut qu'un baiser t'en punisse.

(elle le baise)

Mets-toi là, bonne mère, et vois nos passe-temps.

Pomone, Flore, Vertumne en Béroé, vont s'asseoir sous la feuillée. Des cueilleurs de fruits, la hotte sur le dos, viennent danser.

Scène cinquième

Pomone, Flore, Vertumne en Beroé, Béroé cachée, Cueilleurs et Cueilleuses de fruits.

Danse de cueilleurs de fruits.

Scène sixième

Pomone, Flore, Vertumne en Béroé, Béroé cachée.

POMONE

(à Flore)

Hé bien que dis-tu, ma sœur,

de notre charmante vie ?

FLORE

Je dis que sa douceur

me donne pou d'envie...

FLORE

Sans le plaisir d'amour, tous les autres plaisirs

lassent facilement nos cœurs et nos désirs.

POMONE

Tu me conseilles donc désormais de le suivre ?

FLORE

Qui commence d'aimer, commence aussi de vivre.

POMONE

(à Vertumne en Béroé)

Nourrice qu'en dis-tu' ?

VERTUMNE

(en Béroé)

Croiras-tu mes avis ?

POMONE

Je les ai jusqu'ici fidclement suivis.

VERTUMNE

(en Béroé)

Je détestais l'amour et traitais ses délices

de crime et de supplices:

mais depuis que j'ai vu Vertumne ton amant

j'ai bien changé de sentiment.

Qu'il a d'amour ! qu'il a de charmes !

Il me dit l'autre jour les peines qu'il ressent,

d'un air si doux, si languissant,

qu'il m'attendrit et me tira des larmes.

Je le dis franchement,

si j'étais jeune et belle,

mon cœur à cet amant

ne serait point rebelle.

BÉROÉ

(cachée)

Le rusé, l'imposteur !

POMONE

Il serait à mes yeux

le plus parfait des dieux,

qu'à son amour je serais insensible;

non, mon cœur est invincible.

BÉROÉ

(cachée)

Allons le démentir.

VERTUMNE

(en Béroé)

Souvent le plus confiant

s'ébranle en un instant.

BÉROÉ

(courant à lui)

Je te tiens, fourbe, lâche !

Vertumne reprend soudainement sa figure naturelle.

Scène septième

Pomone, Flore, Vertumne, Béroé.

VERTUMNE

(à Béroé)

De quoi m'accuses-tu, quel crime ai-je commis ?

Ah ! n'ai-je pas sans toi, d'assez fiers ennemis ?

BÉROÉ

(à l'écart)

Hélas ! en le voyant ma fureur se relâche.

POMONE

(à l'écart)

Qu'il a l'air fier et doux, ha ! qu'est-ce que je sens !

Un mouvement secret me transporte les sens.

VERTUMNE

J'ai failli toutefois, je suis un téméraire,

d'aspirer, ô déesse, à l'honneur de te plaire.

BÉROÉ

(à l'écart)

Ô ciel que ferons-nous !

VERTUMNE

Aussi jusqu'à ce jour

le respect m'a contraint de cacher mon amour:

mais enfin, emporté par son ardeur extrême,

je viens à tes genoux te dire que je t'aime.

(il se jette aux genoux de la déesse)

POMONE

(à l'écart)

Ô dieu, il m'attendrit !

VERTUMNE

Et me voir condamner,

POMONE

(à l'écart)

je n'en puis plus,

VERTUMNE

à des peines mortelles,

POMONE

(à l'écart)

hélas !

VERTUMNE

et d'autant plus cruelles;

POMONE

et je sens...

VERTUMNE

que la mort ne peut les terminer.

POMONE

(se tournard vers lui)

et je sens...

VERTUMNE

Que dis-tu ?

POMONE

...ce que je n'ose dire;

en le relevant

et je sens que mon cœur partage ton martyre.

Scène huitième

Pomone, Flore, Vertumne, Béroé, Venilie, Faune, Le dieu des jardins.

POMONE, FLORE, VERTUMNE

Ô puissance d'amour, ô divin changement !

Ce que l'esprit et la finesse

ont tenté vainement,

l'amour et la beauté le font en un moment.

Scène neuvième

Faune, Le dieu des jardins, Béroé, Venilie.

FAUNE

(au Dieu des jardins)

Pauvre dieu des jardins

LE DIEU DES JARDINS

Pauvre dieu de village !

FAUNE

(en lui présentant Béroé)

Voici ce que le ciel te réserve en partage.

LE DIEU DES JARDINS

(en montrant Venilie)

Voici le mien.

(en lui montrant les cornes qu'il porte au front)

Voilà le tien.

FAUNE

(en lui montrant sa bouteille)

Voici le mien.

(en lui montrant Béroé)

Voilà le tien.

FAUNE ET LE DIEU DES JARDINS

Voici le mien.

Voilà le tien.

VENILIE

(au Dieu des jardins)

Si d'un Vulcain aussi difforme

le ciel me faisait la Vénus,

il en aurait le front, aussi bien que la forme,

et ne céderait point aux dieux les plus cornus.

(en montrant Faune)

Acte cinquième
Scène première

Vertumne, Pomone, Juturne, Venilie.

POMONE

En vain tu veux me faire voir,

l'étatde ton empire, et ton divin pouvoir,

grand dieu, ce que mon âme

ressent pour toi de tendresse et d'ardeur,

tu le dois à ta flamme,

bien plus qu'à ta grandeur.

C'est assez...

VERTUMNE

Je sais trop que ta flamme amoureuse

est pure et généreuse;

mais ce que je prétends

te montrer de puissance

est plus un passe-temps

qu'une magnificence.

Mais voici notre sœur dont le soin complaisant

nous régale aujourd'hui d'une aimable présence.

Scène deuxième

Vertumne, Pomone, Juturne, Venilie, Flore.

FLORE

(présentant aux amants le chapeau de l'hymen)

Vous ne manquez pas de couronne,

heureux amants, et le ciel vous en donne

les plus nobles de l'univers;

mais pour un cœur qu'amour tient dans ses fers,

la plus belle et la plus charmante,

est le chapeau d'hymen, que ma main vous présente.

Passez donc en plaisirs et les jours et les nuits,

portez ses fleurs, goûtez ses fruits.

Scène troisième

Vertumne, Pomone, Juturne, Venilie, Flore, Le dieu des jardins, 2 jardiniers.

Le dieu des jardins prend de la main d'un des jardiniers une corbeille pleine de trufes et d'artichauts, et la présente aux Amants.

LE DIEU DES JARDINS

Je vous offre, grands dieux, le présent d'un pauvre homme,

mais le ragoût en est friand et chaud,

et dans un jour pareil la truffe et l'artichaut

vallent mieux que la pomme.

VERTUMNE

Suivons notre dessein, sus, sus, lares, folets,

qu'on bâtisse un palais

à ma belle maîtresse.

Un palais magnifique se montre.

VERTUMNE

Pages, valets

qu'on serve ma déesse.

Huit folets transformés en esclaves font la revérence à la déesse.

Scène quatrième

Vertumne, Pomone, Juturne, Venilie, Flore, Le dieu des jardins, 2 jardiniers, Folets en esclaves.

VERTUMNE

Qu'on enfonce mille tonneaux:

que le vin coule à pleins ruisseaux.

Une fontaine de vin parait.

VERTUMNE

Que le haut-bois s'apprête

à célébrer la fête.

Scène cinquième

Vertumne, Pomone, Juturne, Venilie, Flore, Le dieu des jardins, 2 jardiniers, Folets en esclaves et symphonistes, et en dieux, dans les nues.

VERTUMNE

Vous, esclaves, dansez

et la divertissez.

Hola, folets, paraissez dans les airs

sous mille plaisantes images;

et pour la divertir, formez dans les nuages

des spectacles charmants et d'aimables concerts.

Dix-huit folets transformés paraissent en différentes nues brillantes, six au fond du théâtre dans une grande nue, six sur le côté droit en trois petites nues diverses et autant sur la gauche, sous des formes de dieux, de muses, et d'amours, partie chantant, partie jouant des instruments.

Scène sixième

Vertumne, Pomone, Juturne, Venilie, Flore, Le dieu des jardins, 2 jardiniers, Folets en esclaves, en symphonistes, et en dieux, dans les nues.

LES FOLETS DANS LES NUES

Venez dieux et mortels, à cette grande fête,

célébrez ce jour de conquête.

Ce jour illustre et bien heureux:

notre dieu va goûter les plaisirs amoureux;

sautons, rions, dansons et chantons à sa gloire.

Des chants d'amour et de victoire.

JUTURNE, VENILIE

Courez, courez, à pas légers,

courez satires et bergers:

sautez, riez, dansez et chantez à sa gloire.

LES FOLETS DANS LES NUES

Et vous folets, qui formez dans les airs

la foudre et les éclairs;

des vents et des nuages.

Arbitres souverains,

rendez ces lieux tranquilles et sereins;

et chassez loin de nous la foudre et les orages,

voici le jour, voici le temps

des jeux, des ris, des passe-temps;

sautons, rions, dansons et chantons à sa gloire.

Scène septième

Vertumne, Pomone, Faune, et les autres acteurs de la scène prcédénte.

FAUNE

(en dansant et se moquant)

Sautons, rions, dansons et chantons à ta gloire;

on attiapc aujourd'hui le plus fin des maris;

aujourd'hui se grossit le nombre des Cornards.

Sans troubler nos humeurs paisibles,

nous les porterons sur le front;

mais les miennts paraîtront,

les siennes seront invisibles.

La nourrice paraît.

Scène dernière

Vertumne, Pomone, Béroé, Faune en nourrice et les autres acteurs de la scène précédente.

FAUNE

Et toi, nourrice, aussi,

tu viens paraître ici !

Pauvre vieille insensée;

ne crains- tu pas de cet amant

la haine et le ressentiment,

oses-tu regarder ta maîtresse offensée ?

BÉROÉ

Avant la fin du jour

mes fautes dans l'oubli seront ensevelies:

à qui ressent les plaisirs de l'amour

on pardonne aisément le crime et les folies.

POMONE

Non, non, sans m'offenser, tu peux l'aimer toujours,

nourrice, ne crains rien, et poursuis tes amours.

VERTUMNE

Vivons, vivons amis.

VERTUMNE, FAUNE, LE DIEU DES JARDINS, POMONE, FLORE, BÉROÉ

Vivons, vivons amis.

FLORE, FAUNE

Que par toute la terre,

on chasse les ennuis, on banisse la guerre.

TOUS

Que par toute la terre,

on chasse les ennuis, on banisse la guerre.

POMONE

Que l'automne,

FLORE

que le prirtemps,

POMONE, FLORE

enrichissent nos champs;

qu'on y cueille des fleurettes,

et les doux fruits d'amourettes.

FLORE

Que pendant nos belles saisons

on fasse l'amour sur nos terres;

LE DIEU DES JARDINS

dans les jardins,

VERTUMNE

dans les maisons.

FAUNE

Les champs,

POMONE

les vergers,

FLORE

les parterres.

GRAND CHŒUR

Dans les jardins, dans les maisons,

les champs, les vergers, les parterres.

Les six petites nues se retirent et la grande vole du fond du théâtre sur le centre.

Fin du livret.

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Locandina Prologue Scène unique Acte premier Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Acte deuxième Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène huitième Acte troisième Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène huitième Scène neuvième Acte quatrième Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène huitième Scène neuvième Acte cinquième Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène dernière