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Iphigénie en Tauride

IPHIGÉNIE EN TAURIDE

Tragédie lirique en quatre actes.

Version synthétique édité par www.operalib.eu.

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Livret de Nicolas-François GUILLARD.
Musique de Christoph Willibald GLUCK.

Première représentation : 18 mai 1779, Paris.


Personnages:

IPHIGÉNIE

soprano

THOAS

basse

ORESTE

baryton

PYLADE

ténor

PREMIÈRE PRÊTRESSE

soprano

DEUXIÈME PRÊTRESSE

soprano

DIANE

soprano

UN SCYTHE

basse

LE MINISTRE

basse

UNE FEMME GRECQUE

soprano


Chœurs des Prêtresses, des Scythes, des Euménides, des Gardes du roi, des Grecs.

La scéne est en Tauride.

Acte premier
Scène première

Le thèâtre représente, dans le fond, une mer qui devient orageuse, d'aprés la progression dela musique; sur les côtés des rochers; sur le devant, une colonnade représentant le vestibule du temple de Diane; on voit dans le lontain deux vaisseaux qui s'abîment. On entend dés le commencement de la symphonie, quelques coups de tonnerre qui se succèdent plus rapidement, à mesure qu'elle marche. Elle finit par une tempête furieuse. Le jour est commencé, mais il reste obscuré par les nuages et le thèâtre n'est éclairé que par la lueur des éclats.
Iphigénie, Les Prêtresses.

IPHIGÉNIE

(pendant que la tempête cesse)

Grands dieux ! soyez-nous secourables,

détournez vos foudres vengeurs;

tonnez sur les têtes coupables;

l'innocence habite nos cœurs.

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Grands dieux ! soyez-nous secourables,

détournez vos foudres vengeurs;

tonnez sur les têtes coupables;

l'innocence habite nos cœurs.

IPHIGÉNIE

Si ces bords cruels et sinistres

sont l'objet de votre courroux,

daignez à vos faibles ministres

offrir des asiles plus doux.

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Grands dieux ! soyez-nous secourables,

détournez vos foudres vengeurs;

tonnez sur les têtes coupables;

l'innocence habite nos cœurs.

IPHIGÉNIE

Que nos mains saintement barbares

n'ensanglantent plus vos autels !

Rendez ces peuples plus avares

du sang des malheureux mortels.

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Grands dieux ! soyez-nous secourables,

détournez vos foudres vengeurs;

tonnez sur les têtes coupables;

l'innocence habite nos cœurs.

Pendant les deux dernières strophes, l'orage diminue insensiblement, le tonnerre s'éloigne, cesse, et le jour croît et s'éclaircit à mesure que la scène avance.

IPHIGÉNIE

Ces dieux que notre voix implore

apaisent enfin leur rigueur:

le calme reparaît. Mais au fond de mon cœur,

hélas ! l'orage habite encore.

PREMIÈRE PRÊTRESSE

Iphigénie, ô ciel, craindrait-elle un malheur ?

DEUXIÈME PRÊTRESSE

D'où naît le trouble affreux dont votre âme est saisie ?

IPHIGÉNIE

Juste ciel !

PREMIÈRE PRÊTRESSE

Ah ! parlez, divine Iphigénie,

nos malheurs sont communs; loin de notre patrie,

conduites avec vous sur ce funeste bord,

n'avons-nous pas toujours partagé votre sort ?

IPHIGÉNIE

Cette nuit... j'ai revu le palais de mon père,

j'allais jouir de ses embrassements.

J'oubliais, en ces doux moments,

ses anciennes rigueurs et quinze ans de misère...

La terre tremble sous mes pas,

le soleil indigné fuit ces lieux qu'il abhorre,

le feu brille dans l'air, ei la foudre en éclats

tombe sur le palais, l'embrase et le dévore !

Du milieu des débris fumants

sort une voix plaintive et tendre:

jusqu'au fond de mon cœur elle se fait entendre;

je vole à ces tristes accents...

A mes yeux aussitôt se présente mon père,

sanglant, percé de coups, et d'un spectre inhumain

fuyant la rage meurtrière;

ce spectre affreux, c'était ma mère !

Elle m'arme d'un glaive et disparaît soudain,

je veux fuir... on me crie: Arrête ! c'est Oreste:

je vois un malheureux, et je lui tends la main,

je veux le secourir; un ascendant funeste

forçait mon bras à lui percer le sein !

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Ô songe affreux ! nuit effroyable !

ô douleur ! ô mortel effroi !

Ton courroux est-il implacable ?

Entends nos cris, ô ciel ! apaise-toi !

IPHIGÉNIE

Ô race de Pélops ! race toujours fatale !

Jusque dans ses derniers neveux

le ciel poursuit encore le crime de Tantale.

Le roi des rois, le sang des dieux,

Agamemnon descend dans la nuit infernale.

Son fils du moins restait à ma douleur,

j'attendais de lui seul la fin de ma misère;

Ô mon cher Oreste, ô mon frère !

Tu ne sécheras pas les larmes de ta sœur.

DEUXIÈME PRÊTRESSE

Calmez ce désespoir où votre âme est livrée,

les dieux conserveront cette tête sacrée,

osez tout espérer.

IPHIGÉNIE

Non, je n'espère plus.

Depuis que je respire, en butte a leur colère,

d'opprobre et de malheur tous mes jours sont tissus;

ils y mettent le comble: ils m'enlèvent mon frère !

Ô toi qui prolongeas mes jours,

reprends un bien que je déteste,

Diane, je t'implore, arrêtes-en le cours,

rejoins Iphigénie au malheureux Oreste.

Hélas ! tout m'en fait une loi,

la mort me devient nécessaire;

j'ai vu s'élever contre moi

les dieux, ma patrie et mon père.

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Quand verrons-nous tarir nos pleurs ?

La source en est-elle infinie ?

Ah, dans un cercle de douleurs

le ciel marque le cours de notre vie !

Scène deuxième

Iphigénie, Les Prêtresses, Thoas, Gardes.

THOAS

(à part)

Dieux ! le malheur en tous lieux suit mes pas;

des cris du désespoir ces voûtes retentissent...

(à Iphigénie)

Prêtresse, dissipez les terreurs de Thoas,

interprète des dieux, que vos vœux les fléchissent !

IPHIGÉNIE

A mes gémissements le ciel est sourd, hélas !

THOAS

Ce ne sont pas des pleurs, c'est du sang qu'il demande.

IPHIGÉNIE

Quelle effroyable offrande !

Apaise-t-on les dieux par des assassinats ?

THOAS

Le ciel par d'éclatants miracles

a daigné s'expliquer à vous;

mes jours sont menacés par la voix des oracles,

si d'un seul étranger relégué parmi nous,

le sang échappe à leur courroux !

De noirs pressentiments mon âme intimidée,

de sinistres terreurs est sans cesse obsédée.

Le jour blesse mes yeux et semble s'obscurcir,

j'éprouve l'effroi des coupables !

Je crois voir sous mes pas la terre s'entrouvrir

et l'enfer prêt à m'engloutir

dans ses abîmes effroyables !

Je ne sais quelle voix crie au fond de mon cœur:

« Tremble, ton supplice s'apprête ! »

La nuit de ces tourments redouble encore l'horreur,

et les foudres d'un dieu vengeur

semblent suspendus sur ma tête.

Scène troisième

Les précédents, Les Scythes entrent en foule.

CHŒUR DES SCYTHES

Les dieux apaisent leur courroux,

ils nous amènent des victimes;

a ces justes vengeurs de crimes

que leur sang soit offert pour nous !

IPHIGÉNIE

(à part)

Malheureuse !

THOAS

Grands dieux, recevez nos offrandes !

Moins je les espérais, plus vos faveurs sont grandes !

UN SCYTHE

Deux jeunes Grecs échoués sur ces bords,

ont longtemps, contre nous, tenté de se défendre;

ils viennent enfin de se rendre,

après de pénibles efforts;

l'un d'eux était rempli d'un désespoir farouche:

les mots de crime, de remords,

etaient sans cesse dans sa bouche:

il détestait la vie, il appelait la mort !

CHŒUR DES SCYTHES

Les dieux apaisent leur courroux,

ils nous amènent des victimes;

a ces justes vengeurs de crimes

que leur sang soit offert pour nous !

IPHIGÉNIE

(à part)

Dieux ! Étouffez en moi le cri de la nature !

Si mon devoir est saint, hélas, qu'il est cruel !

THOAS

(à Iphigénie)

Allez, et les captifs vont vous suivre à l'autel.

Pour moi, qu'un trop sinistre augure

menace du courroux des dieux,

ma présence pourrait nuire à vos saints mystères.

Iphigénie et les prêtresses sortent.

Scène quatrième

Thoas, Gardes, Scythes.

THOAS

(au peuple)

Et vous, à nos dieux tutélaires

adressez vos chants belliqueux,

que vos justes transports pénètrent jusqu'aux cieux !

(Ici le peuple exprime sa joie barbare dans un divertissement très court.)

CHŒUR DES SCYTHES

Il nous fallait du sang pour expier nos crimes;

les captifs sont aux fers ei les autels sont prêts:

les dieux nous ont eux-mêmes amené les victimes;

que la reconnaissance égale les bienfaits.

Sous le couteau sacré que leur sang rejaillisse,

que leur aspect impur n'infecte plus ces lieux !

Offrons leur sang en sacrifice,

c'est un encens digne des dieux !

Ballet.

Scène cinquième

Les précédents, Oreste e et Pylade enchaînés (Oreste a les yeux fixés à terre et parait accabblé).

THOAS

Malheureux ! quel dessein à vous-mêmes contraire

vous amenait dans mes etats ?

PYLADE

Notre projet est un mystère.

C'est le secret des dieux. Tu ne le sauras pas.

THOAS

De ton arrogance hautaine

la mort sera le prix. Gardes, qu'on les emmène !

(Les gardes emmènent Oreste et Pylade)

ORESTE

(à Pylade)

O mon ami ! c'est moi qui cause ton trépas !

Scène sixième

Thoas, Gardes, Peuple.

CHŒUR DES SCYTHES

Il nous fallait du sang pour expier nos crimes;

les captifs sont aux fers ei les autels sont prêts:

les dieux nous ont eux-mêmes amené les victimes;

que la reconnaissance égale les bienfaits.

Sous le couteau sacré que leur sang rejaillisse,

que leur aspect impur n'infecte plus ces lieux !

Offrons leur sang en sacrifice,

c'est un encens digne des dieux !

Acte deuxième
Scène première

Le thèâtre représent un appartement intérieur du temple destine aux victimes. Sur un des côtés ce trouve un autel.
Oreste et Pylade, enchainés.

PYLADE

Quel silence effrayant ! quelle douleur funeste !

Quoi ! tu ne me réponds que par des longs sanglots ?

Que peut la mort sur l'âme des héros ?

Ne suis-je plus Pylade, et n'es-tu plus Oreste ?

ORESTE

Dieux ! à quelles horreurs m'aviez-vous réservé ?

D'un aveugle destin déplorable victime,

partout errant et partout réprouve,

mon sort est accompli, j'etais né pour le crime.

PYLADE

Que dis-tu ? quel est ce remord ?

Quel nouveau crime enfin ?

ORESTE

Je t'ai donné la mort.

Ce n'était pas assez que ma main meurtrière

eût plongé le poignard dans le cœur d'une mère.

Les dieux me réservaient pour un forfait nouveau:

je n'avais qu'un ami, je deviens son bourreau !

Dieux qui me poursuivez, dieux, auteurs de mes crimes,

de l'enfer, sous mes pas, entrouvrez les abîmes;

ses supplices pour moi seront encore trop doux !

J'ai trahi l'amitié, j'ai trahi la nature,

des plus noirs attentats j'ai comblé la mesure.

Dieux, frappez le coupable et justifiez-vous !

PYLADE

Quel langage accablant pour un ami qui t'aime !

Reviens à toi, mourons dignes de nous:

cesse, dans ta fureur extrême,

d'outrager et les dieux, et Pylade, et toi-même.

Si le trépas nous est inévitable,

quelle vaine terreur te fait pâlir pour moi ?

Je ne suis pas si miserable,

puisqu'enfin je meurs près de toi !

Unis dès la plus tendre enfance

nous n'avions qu'un même désir;

ah ! mon cœur applaudit d'avance

au coup qui va nous réunir;

le sort nous fait périr ensemble,

n'en accuse point la rigueur:

la mort même est une faveur,

puisque le tombeau nous rassemble.

Scène deuxième

Oreste, Pylade, un Ministre du sanctuaire, Gardes du temple.

LE MINISTRE

Etrangers malheureux, il faut vous séparer !

(à Pylade)

Vous, suivez-moi !

PYLADE, ORESTE

Grands dieux ! qu'ordonnes-tu, barbare ?

ORESTE

(à Pylade)

Non, ne me quitte pas, ami fidèle et rare !

PYLADE, ORESTE

Cruels, faut-il vous implorer ?

(aux gardes)

Hâtez la mort qu'on nous prépare;

mais laissez-nous la recevoir tous deux.

Vos glaives, vos bûchers sont cent fois moins affreux

que le moment qui nous sépare !

LE MINISTRE

J'obéis â nos lois, j'obéis à nos dieux.

(aux gardes)

Qu'on le conduise !

ORESTE

(au Ministre)

Arrête !...

PYLADE

(s'arrachant avec peine des bras d'Oreste)

Hélas !

(Pylade, le Ministre et les gardes sortent.)

ORESTE

Monstres sauvages.

On te l'enlève, hélas ! Pylade est mort pour toi...

Scène troisième

Oreste seul.

Dieux protecteurs de ces affreux rivages,

dieux avides de sang, tonnez, écrasez-moi !

Où suis-je ? à l'horreur qui m'obsède

quelle tranquillité succède ?

Le calme rentre dans mon cœur...

Mes maux ont donc lassé la colère céleste,

je touche au terme du malheur !

Vous laissez respirer le parricide Oreste.

Dieux justes ! Ciel vengeur !

Oui, le calme rentre dans mon cœur...

Scène quatrième

Les Euménides, Oreste.

(Les Euménides sortent du fond du thèâtre et entourent Oreste. Les unes exécutent autour de lui un ballet-pantomine de terreur; les autres lui parlent. Oreste est sence connaissance pendant toute cette scène.)

LES EUMÉNIDES

Vengeons et la nature et les dieux en courroux !

Inventons des tourments... il a tué sa mère.

ORESTE

Ah !

LES EUMÉNIDES

Point de grâce ! Il a tué sa mère !

Vengeons et la nature et les dieux en courroux !

ORESTE

Ah ! quels tourments !

LES EUMÉNIDES

Ils sont encore trop doux.

Vengeons et la nature et les dieux en courroux !

Il a tué sa mère !

L'ombre de Clytemnestre paraît au milieu des furies et s'abîme aussitôt.

ORESTE

Un spectre !... ah, ah !

LES EUMÉNIDES

Point de grâce, il a tué sa mère !

ORESTE

Ayez pitié ! ayez pitié !

LES EUMÉNIDES

De la pitié ? le monstre ! il a tué sa mère !

Égalons, s'il se peut, sa rage meurtrière,

ce crime affreux ne peut être expié !

ORESTE

Ayez pitié ! dieux cruels !

LES EUMÉNIDES

Ton forfait ne peut être expié !

Le portes de l'appatement s'ouvrent. Les Prêtresses paraissent, les Furies s'abîment sans pouvoir être aperçues.

Scène cinquième

Oreste, Iphigénie, Les Prêtresses.

ORESTE

(apercevant Iphigénie)

Ma mère ! Ciel !

IPHIGÉNIE

(à Oreste)

Je vois toute l'horreur

que ma présence vous inspire.

Mais au fond de mon cœur,

etranger malheureux, si vos yeux pouvaient lire,

autant que je vous plains, vous plaindriez mon sort.

ORESTE

(à part)

Quels traits ! quel étonnant rapport !

IPHIGÉNIE

(aux Prêtresses)

Qu'on détache ses fers.

(à Oreste)

Quels bords vous ont vu naître ?

Que veniez-vous chercher dans ces climats affreux ?

ORESTE

(à part)

Quel vain désir vous porte à me connaître ?

IPHIGÉNIE

Parlez !

ORESTE

(à part)

Que lui répondre ? Ô dieux !

IPHIGÉNIE

D'où vient que votre cœur soupire ?

Qu'êtes-vous ?

ORESTE

Malheureux ! C'est assez vous en dire.

IPHIGÉNIE

De grâce, répondez: de quels lieux venez-vous ?

Quel sang vous donna l'être ?

ORESTE

Vous le voulez ? Mycènes m'a vu naître !

IPHIGÉNIE

Dieux, qu'entends-je ? Achevez, dites... informez-nous

du sort d'Agamemnon, de celui de la Grèce !

ORESTE

Agamemnon ?

IPHIGÉNIE

D'où naît la douleur qui vous presse ?

ORESTE

Agamemnon...

IPHIGÉNIE

Je vois couler vos pleurs !

ORESTE

...sous un fer parricide est tombé !

IPHIGÉNIE

(à part)

Je me meurs !

ORESTE

(à part)

Quelle est donc cette femme ?

IPHIGÉNIE

Et quel monstre exécrable

a sur un roi si grand osé lever le bras ?

ORESTE

Au nom des dieux, ne m'interrogez pas !

IPHIGÉNIE

Au nom des dieux, parlez !

ORESTE

Ce monstre abominable,

c'est...

IPHIGÉNIE

Achevez ! vous me faites frémir.

ORESTE

...son épouse !

IPHIGÉNIE

Grands dieux ! Clytemnestre ?

ORESTE

Elle-même !

LES PRÊTRESSES

Ciel !

IPHIGÉNIE

Et des dieux vengeurs la justice suprême

a vu ce crime atroce ?

ORESTE

(égaré)

Elle a su le punir.

Son fils...

IPHIGÉNIE

Ô ciel !

ORESTE

Il a vengé son père.

Ensemble

IPHIGÉNIE, LES PRÊTRESSES

De forfaits sur forfaits quel assemblage affreux !

ORESTE

De mes forfaits quel assemblage affreux !

IPHIGÉNIE

Et ce fils qui du ciel a servi la colère,

ce fatal instrument de la vengeance des dieux...

ORESTE

A rencontré la mort qu'il a longtemps cherchée.

Electre dans Mycènes est seule demeurée.

IPHIGÉNIE

(se ritirant sur un des côtés de la scène)

C'en est fait ! Tous les miens ont subi le trépas.

Tristes pressentiments, vous ne me trompez pas.

(à Oreste)

Eloignez-vous, je suis assez instruite.

(Deux Prêtresses accompagnent Oreste.)

Scène sixième

Iphigénie, Les Prêtresses.

IPHIGÉNIE

Ô ciel ! de mes tourments la cause et le témoin,

jouissez des malheur où vous m'avez réduite;

il ne pouvait aller plus loin.

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Patrie infortunée,

où par des noeuds si doux

notre âme est enchaînée,

vous avez disparu pour nous.

IPHIGÉNIE

Ô malheureuse Iphigénie !

Ta famille est anéantie !

(aux Prêtresses)

Vous n'avez plus de rois, je n'ai plus de parents;

mêlez vos cris plaintifs à mes gémissements !

LES PRÊTRESSES

Mêlons nos cris plaintifs à ses gémissements !

IPHIGÉNIE

Vous n'avez plus de rois, je n'ai plus de parents.

LES PRÊTRESSES

Nous n'avions d'espérance, hélas ! que dans Oreste:

nous avons tout perdu, nul espoir ne nous reste.

IPHIGÉNIE

Honorez avec moi ce héros qui n'est plus;

du moins qu'aux mânes de mon frère

les derniers devoirs soient rendus !

Apportez-moi la coupe funéraire,

offrons à cette ombre si chère

les froids honneurs qui lui sont dus.

(On apporte la coupe et l'on commence les cérémonies funèbres.)

LES PRÊTRESSES

Contemplez ces tristes apprêts,

mânes sacrés, ombre plaintive,

que nos larmes, que nos regrets,

pénètrent l'infernale rive !

IPHIGÉNIE

Ô mon frère, daignez entendre

les accents de ma douleur;

que les regrets de ta sour

jusqu'à toi puissent descendre !

LES PRÊTRESSES

Contemplez ces tristes apprêts,

mânes sacrés, ombre plaintive,

que nos larmes, que nos regrets,

pénètrent l'infernale rive !

Acte troisième
Scène première

Le thèâtre représente l'appartement d'Iphigénie.
Iphigénie, Les Prêtresses.

IPHIGÉNIE

Je cède à vos désirs: du sort qui nous opprime

instruisons Electre, ma sour:

aux horreurs du trépas j'arrache une victime

et je sers à la fois la nature et mon cœur...

Hélas ! je ne puis m'en défendre;

pour l'un de ces infortunés,

par nos barbares lois à la mort condamné,

je sens la pitié la plus tendre.

Mon cœur s'unit à lui par des rapports secrets...

Oreste serait de son âge;

ce captif malheureux m'en rappelle l'image,

et sa noble fierté m'en retrace les traits.

D'une image, hélas ! trop chérie

j'aime encore à m'entretenir.

Mon âme se plaît à nourrir

l'espérance qui m'est ravie.

Inutiles et chers transports !

Chassons une vaine chimère:

ah ! ce n'est plus qu'aux sombres bords

que je puis retrouver mon frère.

Scène deuxième

Iphigénie, Les prêtresses, Oreste, Pylade.

UNE PRÊTRESSE

Voici ces captifs malheureux.

IPHIGÉNIE

Allez ! laissez-moi seule un instant avec eux.

(Les prêtresses sortent.)

Scène troisième

Iphigénie, Oreste, Pylade.

ORESTE

(courant à Pylade)

O joie inattendue !

Je puis donc t'embrasser pour la dernière fois !

PYLADE

Mon sort est moins affreux, puisque je te revois.

IPHIGÉNIE

Qu'à leur aspect touchant je sens mon âme émue !

Vous avez vu mes pleurs, je n'ai pu m'en défendre.

Hélas ! qui n'en verserait pas au récit

que je viens d'entendre ?

Si sur ces bords sanglants le ciel fixe nos pas,

nous avons vu le jour dans de plus doux climats,

et la Grèce est notre patrie.

PYLADE

Quoi ? des mains d'une Grecque il faut perdre la vie ?

IPHIGÉNIE

Ah ! pour sauver vos jours je donnerais les miens.

Mais Thoas veut du sang: sa piété barbare

ajouterait aux maux qu'on vous prépare,

si de tous deux je brisais les liens.

IPHIGÉNIE

Je pourrais du tyran tromper la barbarie...

de l'un de vous au moins que les jours conservés...

PYLADE, ORESTE

Mon ami, tu vivras, tes jours seront sauvés.

IPHIGÉNIE

De celui de vous deux qui me devra la vie

pourrais-je attendre un service ?

PYLADE, ORESTE

Achevez;

je vous réponds de sa reconnaissance !

IPHIGÉNIE

Dans Argos, comme vous, j'ai reçu la naissance:

il m'y reste encore des amis.

Jurez-moi qu'un billet fidèlement remis...

PYLADE, ORESTE

J'en atteste les dieux, vos vœux seront remplis.

IPHIGÉNIE

Il faut donc entre vous choisir une victime.

Hélas ! dans le soin qui m'anime,

que ne puis-je à tous deux rendre un service égal !

Il faut que l'un des deux expire.

(à part)

Mon âme se déchire

mais puisqu'il faut enfin faire un choix si fatal,

(à Oreste)

c'est vous qui partirez.

ORESTE

Que je parte ! qu'il meure ?

O ciel !

IPHIGÉNIE

Répondez à mes vœux:

soyez prêt à partir, je cours en presser l'heure.

(Iphigénie sort)

Scène quatrième

Oreste, Pylade.

PYLADE

Ô moment trop heureux !

Ma mort, a mon ami va donc sauver la vie !

ORESTE

Et je consentirais qu'elle te fût ravie ?

M'aimes-tu ? Parle !

PYLADE

Ô dieux ! tu l'oses demander ?

ORESTE

M'aimes-tu ?

PYLADE

Quel discours ! quelle fureur te presse ?

ORESTE

Renonce au choix de la prêtresse !

PYLADE

Ah ! ce choix m'est trop cher pour le pouvoir céder.

ORESTE

Et tu prétends encore que tu m'aimes,

lorsqu'au mépris des dieux, sacrifiant tes jours...

PYLADE

Ils veillent sur les tiens; ils protègent leur cours;

je remplis leur décret suprême.

ORESTE

A ces dieux conjurés prétends-tu donc t'unir

pour ajouter aux tourments que j'endure ?

PYLADE

Que me demandes-tu ?

ORESTE

De me laisser mourir !

PYLADE

Non, ne l'espère pas !

ORESTE

Oreste t'en conjure !

PYLADE

Cruel !

PYLADE, ORESTE

Dieux, fléchissez son cœur,

rendez-moi mon ami, qu'il m'accorde sa grâce,

que tout mon sang vous satisfasse,

qu'il suffise a votre rigueur !

ORESTE

Quoi ! je ne vaincrai pas ta constance funeste ?

Quoi ! ton âme toujours se refuse à mes vœux ?

Ne sais-tu pas que pour Oreste

la vie est un supplice affreux ?

Ne sais-tu pas que ces mains parricides

fument encore du sang que j'ai versé ?

Ne sais-tu pas que l'enfer courroucé

rassemble autour de moi ses noires Euménides,

qu'elles m'obsèdent en tous lieux ?...

Les voici... des serpents leurs mains s'arment encore !

Où fuir ?... Eh ! quoi ? Pylade me fuit et m'abhorre !

Il me livre à leurs coups ! arrêtez... ah ! grands dieux !

(Il tombe dans les bras de Pylade.)

PYLADE

Eh quoi ! méconnais-tu Pylade qui t'implore ?

ORESTE

(revenant à lui)

Eh bien ! Pylade, est-ce à toi de mourir ?

PYLADE

O dieux ! votre courroux ne peut-il se fléchir ?

ORESTE

La mort, de mes tourments est l'unique relâche;

je l'obtenais; Pylade me l'arrache !

PYLADE

Ah ! mon ami, j'implore ta pitié,

Oreste, hélas ! peut-il me méconnaître ?

Qu'il s'attendrisse aux pleurs de l'amitié !

Ton cœur au mien n'est pas fermé peut-être.

Cet ami qui te fut si cher,

Pylade, est à tes pieds, il conjure, il te presse;

a tes fureurs laisse-moi t'arracher.

Souscris au choix dicté par la prêtresse.

Souscris, souscris.

ORESTE

Pylade !

PYLADE

Ah, mon ami, j'implore ta pitié !

Oreste, helas ! peut-il me méconnaître !

ORESTE

Grands dieux !

PYLADE

Qu'il s'attendrisse aux pleurs de l'amitié !

Ton cœur au mien n'est pas fermé peut-être.

Scène cinquième

Oreste, Pylade, Iphigénie, Les Prêtresses.

ORESTE

(relevant Pylade avec un mouvement de fureur)

Malgré toi, je saurai t'enlever au trépas.

IPHIGÉNIE

(à Pylade)

Que je vous plains !

(aux prêtresses)

Vous, conduisez ses pas.

ORESTE

Non, prêtresse, arrêtez, votre pitié s'égare.

IPHIGÉNIE

Que dites-vous ?

ORESTE

C'est à moi de mourir,

mon ami pourra vous servir,

qu'il soit le digne objet d'un service si rare

PYLADE

N'écoutez point ses transports furieux.

IPHIGÉNIE

(à Oreste)

Vivez ! et me servez !

ORESTE

Je ne le puis sans crime.

PYLADE

Cruel, quelle fureur t'anime ?

IPHIGÉNIE

Ah ! je sens que mon choix est dicté par les dieux.

ORESTE

(à Pylade)

C'en est fait... ici même, à l'instant, je déclare...

PYLADE

Arrête...

ORESTE

(à Iphigénie)

Eh bien ! sachez...

PYLADE

(l'interrompant)

Arrête... justes dieux.

IPHIGÉNIE

(à Pylade)

Quelle soudaine horreur de votre âme s'empare ?

ORESTE

(à Iphigénie)

Prononcez que ma mort...

IPHIGÉNIE

Non, ne l'espérez pas:

un pouvoir inconnu, puissant, irresistible,

sur l'autel des dieux même, arrêterait mon bras !

ORESTE

Quoi ! toujours à mes vœux vous êtes insensible ?

Mais c'est en vain, j'en atteste les dieux:

si mon ami n'échappe au sort qu'on lui prepare,

je vais, m'immolant a vos yeux,

répandre tout ce sang dont le ciel est avare.

IPHIGÉNIE

Ô dieux ! Eh bien, cruel, remplissez vos désirs.

ORESTE

(à Pylade)

Vis, mon ami, cours servir la prêtresse,

d'une sœur qui m'est chère adoucis la tristesse,

porte-lui mes derniers soupirs,

adieu !

Scène sixième

Iphigénie, Pylade.

IPHIGÉNIE

Puisque le ciel à vos jours s'intéresse,

prêtez-moi le secours que vous m'avez promis.

Portez cet écrit dans la Grèce,

qu'entre les mains d'Electre il soit par vous remis.

PYLADE

Qu'entends-je ? et quel rapport l'une à l'autre vous lie ?

IPHIGÉNIE

J'ai respecté votre secret;

n'exigez rien de plus.

PYLADE

Vous serez obéie.

Je remplirai vos vœux, si le ciel le permet.

(Iphigénie sort.)

Scène septième

Pylade (seul).

Divinité des grandes âmes,

amitié ! viens armer mon bras,

remplis mon cœur de tes célestes flammes,

je vais sauver Oreste ou courir au trépas.

Acte quatrième
Scène première

Le thèâtre représente l'intérieur du temple de Diane. La statue de la déesse, élevée sur une estrade, est au milieu, en avant; sur un des côtés on voi l'autel des sacrifices.
Iphigénie, seule, aux pieds de la statue.

Non, cet affreux devoir je ne puis le remplir.

En faveur de ce Grec un dieu parle sans doute.

Au sacrifice affreux que mon âme redoute,

non, je ne pourrais consentir !

Je t'implore et je tremble, ô déesse implacable !

Dans le fond de mon cœur mets la férocité:

etouffe de l'humanité

la voix plaintive et lamentable.

Hélas ! et quelle est donc la rigueur de mon sort:

d'un sanglant ministère,

victime involontaire,

j'obéis, et mon cœur est en proie au remords.

Scène deuxième

Iphigénie, Les Prêtresses, Oreste.

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Ô Diane, sois-nous propice !

La victime est parée, et l'on va l'immoler !

Puisse le sang qui va couler,

puissent nos pleurs apaiser ta justice !

IPHIGÉNIE

La force m'abandonne; ô moment douloureux !

ORESTE

Voilà le terme heureux de mes longues souffrances;

puisse-t-il l'être aussi, grands dieux, de vos vengeances !

IPHIGÉNIE

Ô ciel !

ORESTE

(à Iphigénie)

Séchez les pleurs qui coulent de vos yeux;

ne plaignez pas mon sort, la mort fait mon envie:

frappez !

IPHIGÉNIE

Ah ! cachez-moi cette horrible vertu.

Les dieux protégeaient votre vie;

mais vous allez mourir, et vous l'avez voulu.

ORESTE

Ces dieux m'en avaient fait un devoir nécessaire.

En voulant prolonger mon sort

vous commettiez un crime involontaire.

IPHIGÉNIE

Un crime ? ah ! c'en est un de vous donner la mort !

ORESTE

Que ces regrets touchants pour mon cœur ont de charmes

qu'ils adoucissent mes tourments !

Depuis l'instant fatal... hélas ! depuis longtemps,

personne à mes malheurs n'avait donné des larmes.

IPHIGÉNIE

Hélas !

(Les Prêtresses environnent Oreste et le conduisent dans le sanctuaire où elles l'ornent de bandelettes et de guirlandes.)

CHŒUR DES PRÊTRESSES

Chaste fille de Latone,

prête l'oreille à nos chants:

que nous vœux, que notre encens

s'élèvent jusqu'à ton trône.

Dans les cieux et sur la terre

tout est soumis à ta loi.

Tout ce que l'Erèbe enserre,

a ton nom pâlit d'effroi !

En tous temps on te consulte,

dans la paix, dans les combats;

et l'on t'offre le seul culte

révéré dans ces climats.

Chaste fille de Latone

prête l'oreille à nos chants:

que nous vœux, que notre encens

s'élèvent jusqu'à ton trône.

(Lorsqu'Oreste est paré de guirlandes, on le conduit derrière l'autel; on brûle des parfums autour de lui, on le purifie en faisant des libations sur sa tête.)

IPHIGÉNIE

Quel moment ! dieux puissants, secourez-moi !

QUATRE PRÊTRESSES

(guidant Iphigénie vers l'autel; à Iphigénie)

Approchez, souveraine prêtresse,

remplissez votre auguste emploi !

IPHIGÉNIE

(marchant péniblement vers l'autel)

Barbares, arrêtez, respectez ma faiblesse.

(Une prêtresse lui présente le couteau sacré.)

Dieux ! tout mon sang se glace dans mon cœur

je tremble, et mon bras, plus timide...

LES PRÊTRESSES

Frappez.

ORESTE

Ainsi tu fus jadis immolée en Aulide,

Iphigénie, ô ma sœur !

IPHIGÉNIE

Mon frère !... Oreste !...

LES PRÊTRESSES

Oreste ! notre roi !

ORESTE

Qu'entend-je ? Se peut-il ?

IPHIGÉNIE

Oui, c'est lui, c'est mon frère.

ORESTE

Ma sœur ! Iphigénie ! est-ce elle que je vois ?

IPHIGÉNIE

Oui, c'est elle qu'aux fureurs d'un père,

qu'à la rage des Grecs, Diane a su soustraire

LES PRÊTRESSES

Oui, c'est Iphigénie !

IPHIGÉNIE

(se jetant dans les bras d'Oreste)

Ô mon frère !

ORESTE

Ô ma sœur !

Oui c'est vous, oui, tout mon cœur me l'atteste.

IPHIGÉNIE

Ô mon frère ! ô mon cher Oreste !

ORESTE

Quoi, vous pouvez m'aimer ? Vous n'avez point horreur...

IPHIGÉNIE

Ah ! laissons-là ce souvenir funeste,

laissez-moi ressentir l'excès de mon bonheur:

sans te connaître encore je t'avais dans mon cœur,

au ciel, à l'univers, je demandais mon frère...

le voilà, je le tiens ! il est entre mes bras !...

Mais que vois-je ?

Scène troisième

Les précédents, une Femme grecque.

UNE FEMME GRECQUE

Tremblez ! tremblez ! on sait tout le mystère.

Le tyran porte ici ses pas.

Il sait qu'un des captifs destinés au supplice,

sauvé par vous, fuyait loin de ces lieux:

le tyran, furieux,

vient de l'autre à l'instant presser le sacrifice !

LES PRÊTRESSES

Grands dieux ! secourez-nous.

IPHIGÉNIE

Il ne se fera pas,

ce sacrifice abominable, impie...

Vous, sauvez votre roi des fureurs de Thoas;

il est du sang des dieux, ils défendront sa vie !

Scène quatrième

Les précédents, Thoas, Les Gardes, Suite.

THOAS

(à Iphigénie)

De tes forfaits la trame est découverte:

tu trahissais les deieux et conjurais ma perte.

Il est temps de punir ta noire perfidie,

il est temps que le ciel soit enfin satisfait.

Immole ce captif: que tout son sang expie

et ton audace et ton forfait !

IPHIGÉNIE

Qu'oses-tu proposer, barbare ?

Ensemble

THOAS

Obéissez aux dieux.

LES PRÊTRESSES

Sauvez-nous, justes cieux.

Éloignez les horreurs que ce moment prépare !

THOAS

(aux prêtresses)

Le ciel parle, il suffit.

(aux gardes)

Gardes, secondez-mois !

qu'on la saisisse !

IPHIGÉNIE

Ô ciel ! qu'oses-tu faire ?

THOAS

(aux gardes)

Qu'on le traîne à l'autel !

IPHIGÉNIE

(se precipitant au devant des gardes)

Cruel, il est mon frère !

THOAS

Ton frère !

ORESTE

Oui, je le suis !

IPHIGÉNIE

C'est mon frère et mon roi,

le fils d'Agamemnon.

THOAS

Frappez ! quel qu'il puisse être !

IPHIGÉNIE

(aux gardes)

N'approchez pas !

(aux prêtresses)

Et vous, défendez votre maître !

Les prêtresses forment un demi-cercle et placent Oreste entre elles et le sanctuaire.

THOAS

(aux gardes)

Lâches, vous reculez d'effroi !...

J'immolerai moi-même, aux yeux de la déesse,

et la victime et la prêtresse.

ORESTE

L'immoler ? qui, ma sœur ?

On entend un grand bruit derrière le thèâtre.

THOAS

Oui, je dois la punir.

Et tout son sang...

Scène cinquième

Les précédents, Pylade, troupe de Grecs.

PYLADE

C'est à toi de mourir.

LES GARDES DU ROI

Vengeons le sang de notre roi,

frappons !

Ensemble

IPHIGÉNIE

Grands dieux ! sauvez mon frère !

LES PRÊTRESSES

Grands dieux ! sauvez son frère !

(les Grecs chargent les Scytes)

PYLADE

(aux Grecs)

Courage, mes amis, et suivez-moi !

ORESTE

Pylade ! ô mon dieu tutélaire !

PYLADE

O mon unique ami !

Ensemble

IPHIGÉNIE

Grands dieux, secourez-nous !

Grands dieux, sauvez mon frére !

LES PRÊTRESSES

Grands dieux, secourez-nous !

Grands dieux, sauvez son frére !

CHŒUR DES GRECS

De ce peuple odieux

exterminons jusqu'au moindre reste;

servons la vengeance céleste,

et purifions ces lieux,

au nom de Pylade et d'Oreste.

Scène sixième

Les précédents, Diane (descendant dans un nuage, au milieu des combattants. Les Scythes et les Grecs tombent à genoux à la voix de la déesse. Iphigénie et les prêtresses lèvent les mains vers elle).

DIANE

Arrêtez ! écoutez mes décrets éternels...

Scythes, aux mains des Grecs remettez mes images:

vous avez trop longtemps, dans ces climats sauvages,

déshonoré mes lois et mes autels.

(à Oreste)

Je prends soin de ta destinée, Oreste !

Tes remords effacent tes forfaits;

Mycène attend son roi; vas-y reigner en paix

et rends Iphigénie à la Grèce étonnée.

(Diane remonte au ciel.)

Scène septième

Iphigénie, Oreste, Pylade, Les Prêtresses, Thoas, Scythes, Grecs.

PYLADE

Ta sœur ! qu'ai-je entendu ?

ORESTE

Partage mon bonheur.

Dans cet objet touchant à qui je dois la vie,

et qu'un penchant si doux rendait cher à mon cœur,

connais ma sœur Iphigénie !

CHŒUR

Les dieux, longtemps en courroux,

ont accompli leurs oracle !

Ne redoutons plus d'obstacles,

un jour plus pur luit sur nous.

Une paix douce et profonde

réigne sur le sein de l'onde;

la mer, la terre et les cieux,

tout favorise nos vœux.

Fin du livret.

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Locandina Acte premier Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Acte deuxième Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Acte troisième Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Acte quatrième Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième